lundi 31 décembre 2012

Défi n°93 : "Les âges de la vie"

Votre Jeanne Fadosi à la barre pour ce dernier défi de l'an 2012, défi n°93 de l'ère des CROQUEURS DE MOTS, créé par Brunô et transmis à notre amirâle Fantomette Tricôtine. (une fantomette qui reste vigilante, malgré ses nombreuses obligations dans son ou ses autres vies.

Pour retrouver facilement vos participations au défi, prière de les signaler par commentaire dans la cabine n°93 de La Coquille des Croqueurs de mots. En ces périodes de grandes occupations, l'arrivée au port est possible à votre gré.
Que cette année vous quitte en douceur et bienvenue à l'An Neuf

Il ne vous aura pas échappé qu'il est des âges de la vie qui n'ont pas la même durée relative que d'autres.
Huit ans séparent mes deux premiers rôles, c'est peu me direz-vous. Mais à leur âge, c'est tellement !

Cadet n'avait pas revu sa cousine Aïnée depuis si longtemps ! La mèche rebelle et tout rougissant, il en bégayait d'admiration devant cette jeune femme belle et épanouie.
- Aïnée ! Vous vous souvenez de mon fils n'est-ce pas ? avait dit la mère de cadet.
Aïnée avait souri doucement et répondu une amabilité.
- Oh mais bien sûr ! Le charmant bambin ! si fier de montrer qu'il apprenait à lire ! Comme il a grandi ! C'est un beau jeune homme à présent.
Si je m'en souviens ! une vraie peste à la gueule d'ange ; qu'il semble emprunté, et comme il a enlaidi !
Le compliment avait fait mouche. Se remettant de son émoi, l'adolescent boutonneux devinait sous l'ovale parfait le visage grelé d'acné, dans l'allure altière et fluide le dos voûté et les épaules rentrées de cette cousine un peu gauche, dont il se moquait autrefois, assez méchamment il faut bien le reconnaître.
Mince alors, la grande sauterelle ! si j'avais pu imaginer ...
Le sourire d'Aïnée s'était accentué. Serait-il donc naïf pour la croire ? Naïf ? Voire ! les miroirs qui désespéraient l'adolescent lui disaient assez qu'elle ne pouvait pas être tout à fait sincère. et pourtant, il voulait croire au compliment plutôt qu'en la relativité du temps sur l'apparence et sa perception.
Aïnée préféra ne pas se plaindre des perfidies passées de son garnement de cousin. son oncle ne l'aurait pas toléré. Cadet préféra mettre la beauté de sa cousine sur le compte de l'épanouissement de la maternité et se persuada de sa propre valeur et prestance.
Tous deux, engoncés dans les convenances de leurs stéréotypes, manquèrent l'occasion de faire évoluer les usages du temps.

Titien, Allégorie du temps, huile sur toile,vers 1565, National Gallery Londressource wikimedia