à ne pas confondre avec Un rendez-vous, du même auteur, que j'ai mis en ligne un extrait ICI et le poème en entier ICI
Le Rendez-vous
Il est tard ; l’astronome aux veilles obstinées,
Sur sa tour, dans le ciel où meurt le dernier bruit,
Cherche des îles d’or, et, le front dans la nuit,
Regarde à l’infini blanchir des matinées ;
Les mondes fuient pareils à des graines vannées ;
L’épais fourmillement des nébuleuses luit ;
Mais, attentif à l’astre échevelé qu’il suit,
Il le somme, et lui dit : « Reviens dans mille années. »
Et l’astre reviendra. D’un pas ni d’un instant
Il ne saurait frauder la science éternelle ;
Des hommes passeront, l’humanité l’attend ;
D’un œil changeant, mais sûr, elle fait sentinelle ;
Et, fût-elle abolie au temps de son retour,
Seule, la Vérité veillerait sur la tour.
Sully Prudhomme, Les Épreuves, 1866
Sully Prudhomme, 1839 - 1907
Astral Projections, Rob Gonsalves |