Certains d'entre vous m'ont demandé une suite, alors pourquoi pas ...
Ce n'est pas une fin. J'ai utilisé le E, trop utile à notre langue. Mais pour rester dans le principe d'une disparition alphabétique, il en manque une autre, presqu'aussi usitée. La devinerez-vous ?
Début ...
Maria frissonna au son lugubre de la grille du parc. Un agneau, dérangé, bêla. Puis à nouveau le silence.
Elle regarda avec envie les draps froissés. Mais non, elle décida de ne pas se recoucher. Impossible de songer à se rendormir.
Elle se résigne à penser qu'il a choisi une filière fiable. Bien obligé de faire confiance au passeur qui va guider son Josua. On murmure que pour l'un ou plusieurs, le rêve s'achève en fumées nauséabondes.
Pas rien, la somme qu'il a fallu réunir pour se nourrir, impossible sans passer par le marché noir, se loger, car le chemin prendra plusieurs jours. Payer le silence aussi, cher ! Rien ne se donne, même l'aide, même sincère !
Franchir les Alpes sera difficile, mais Josua a une belle expérience des longues courses sur les chemins escarpés. Le plus risqué sera de franchir le Rhône sans croiser de képis, gardes ou gendarmes, ni même des garçons curieux ou des vieille femmes bavardes, se cacher sans se faire repérer dans les wagons abandonnés sur les voies de garage, se moucher le nez en silence ...
Quand il arrivera en Suisse, ... pouvu qu'il y arrive sans encombres, il sera accueilli par un réseau organisé. Là-bas, il pourra se loger dans une bergerie pour seconder un vieux berger.
Alors Maria descendra au village pour faire le pein de courses, sans rien changer de ses manières. Elle y va une ou deux fois par mois, pas plus.
Alors Maria pourra prendre, elle aussi, son bagage et ira le rejoindre dans un ailleurs aux aubes lumineuses*.
Alors Maria fera grincer la grille du parc une dernière fois.
Nul ne se souciera de son absence, du moins les premières semaines ...
Jeanne Fadosi, 27 juillet 2011
A suivre ...
* superbe découverte chez une libellule aux douces confidences