dimanche 21 octobre 2012

Défi n°88 : "Au grenier"

Pour le défi n°88 des CROQUEURS DE MOTS animé par Tricôtine*, Un soir bleu nous suggère :

" Vous raconterez - en mots ou en photos ou en dessins - votre grenier.  
Celui de chez vous ou le grenier imaginaire dont vous rêvez ...
Ou même un grenier figuré, comme celui de Zola :
"Elle devenait un vrai grenier à coups de poing. Coupeau avait un gourdin qu'il appelait son éventail à bourrique ..." (L'Assommoir) "

Nos habitations modernes laissent peu de place à ces greniers, espaces "aménagés sous les combles" pour récupérer de la place autrement perdue.

De la place perdue vraiment ?

Je suis allée fouiller dans le grenier de mon blog. J'y ai déniché quelques billets qui évoquaient des greniers ...
Mais lequel choisir ?
Celui de mes premiers pas d'étudiante, dans ma chambre de bonne entourée de greniers de fortune ?
Dans le grenier de Cendrillon ou de Daisy ? (Le court-métrage primé de la licorne de porcelaine se retrouve ICI sur ytube)

Voici, dépoussiéré de quelques fautes d'orthographe et autres coquilles, un peu de mes greniers des temps perdus, tels qu'en ce début de mai 2010, où Tricôtine nous demandait d'y trouver quelques objets. 

Dans les maisons de mon enfance, la porte du grenier était fermée à clé.
Au début, parce que j'étais trop petite, et très vite pour canaliser mon tempérament d'exploratrice.
Il avait une annexe au-dessus du porche où j'y accompagnais plus souvent ma maman. Il était idéalement ventilé et éclairé pour y entreposer le tilleul à sécher que nous ramenions du pré de ma tante, près de la rivière.

Alors ne me demandez pas d'associer les tisanes à ces potions de jours fiévreux. Toutes ces senteurs fleuries et délicatement sucrées me ramenaient aux après-midi dans l'herbe fraîche, quand adultes et grands enfants se retrouvaient à la fin de l'été pour faire la cueillette de cet unique et généreux arbre parmi les chants des oiseaux, les bourdonnements d'abeilles et les bruissements du vent, sans oublier les joyeux bavardages ou le vol des demoiselles dans la lumière oblique.

Dans cette pièce, s'y mêlaient aussi les effluves des confitures et gelées de groseilles, de cassis et de framboises,  juste épicées de cette poussière incontournable de ces lieux moins astiqués et, plus tard dans la saison d'automne, les coings qui y étaient mis à mûrir, avant de finir en gelée et pâte de fruit.

Je n'avais guère l'occasion ni la tentation d'explorer les objets qui y étaient entreposés.
Je me souviens du landau aux formes désuètes qui avait connu tant d'enfants avant d'être détrôné par les nouveautés bien mieux suspendues.



L'ai-je rêvé aussi à force de descriptions, cette boite à compteur qui a accueilli la troisième de la famille, le deuxième dormant dans le landau et la première dans le berceau ? Celui-ci n'y était pas ; il continuait à accueillir les petits enfants quand ils venaient à la maison, même pour une sieste. Mais cette caisse en bois rêche méticuleusement et affectueusement capitonnée de tissu fleuri ?
J'avais aussi sorti de l'oubli cet engin bricolé par mon père et dont j'ai le nom sur le bout de la langue ; avec lequel on dévalait dangereusement les pentes irrégulières du chemin. Ça y est, le nom me revient : un cyclorameur !

Si je recherchais volontiers les lieux écartés, comme les greniers ou les remises, c'est plus par goût de cette solitude, où je pouvais explorer mes rêves et mes contrées idéales.

Alors, dans mon grenier imaginaire, j'y ai précieusement rangé mes rêves, mes illusions, mes idéaux ... Et j'y vais aussi souvent que la vie quotidienne me meurtrit. J'y retrouve volontiers ce qui me fait tenir debout, ce qui me permet de garder, chevillé au corps, cet espoir des possibles.

Tricôtine cherchait une repreneuse ou un repreneur pour gouverner notre flottille de coquilles de croqueurs sur les flots de OB, priorité à la santé bien sûr ! J'espère qu'elle l'a trouvé, sinon, avis aux amateurs et/ou aux bonnes volontés.