samedi avec la lettre T, aujourd'hui avec U, dans deux ou trois jours avec V.
C'est Lilou-fredotte qui a choisi le cap de la prochaine étape et confie la barre au pilotage automatique. Tricôtine, qui a supervisé la manoeuvre, nous en a averti ... Qu'elle ne se fasse pas de souci pour le quart. Nous sommes nombreux sur le pont, même en dilettantes.
Complainte d'un autre dimanche
C'était un très-au vent d'octobre paysage,
Que découpe, aujourd'hui dimanche, la fenêtre,
Avec sa jalousie en travers, hors d'usage,
Où sèche, depuis quand ! une paire de guêtres
Tachant de deux mals blancs ce glabre paysage.
Un couchant mal bâti suppurant du livide ;
Le coin d'une buanderie aux tuiles sales ;
En plein, le Val-de-Grâce, comme un qui préside ;
Cinq arbres en proie à de mesquines rafales
Qui marbrent ce ciel crû de bandages livides.
Puis les squelettes de glycines aux ficelles,
En proie à des rafales encor plus mesquines !
O lendemains de noce ! Ô bribes de dentelles !
Montrent-elles assez la corde, ces glycines
Recroquevillant leur agonie aux ficelles !
Ah ! qu'est-ce que je fais ici, dans cette chambre !
Des vers. Et puis, après ? Ô sordide limace !
Quoi ! La vie est unique, et toi, sous ce scaphandre,
Tu te racontes sans fin, et tu te ressasses !
Seras-tu donc toujours un qui garde la chambre ?
Ce fut un bien au vent d'octobre paysage...
Jules Laforgue, Les complaintes, 1885
Jules Laforgue, 1860 - 1887, poète français, né en Uruguay, décédé de la phtisie (ancien nom de la tuberculose pulmonaire) à 27 ans. Il a été de 1880 à 1886 le lecteur en français de l'impératrice d'Allemagne
un site très complet qui est dédié au poète : Laforgue.org