lundi 29 décembre 2014

Solidarité ou charité business ?

~ Billet 28 ~ réédition 29/12/2014 (première édition 29/11/2008  16:09)
Parce que dans ma bal, dans ma boite aux lettres, dans les spots publicitaires, ce qui est systématiquement mis en avant dans les appels aux dons des grandes ONG, de façon de plus en plus récurrente, c'est Donnez, c'est déductible des impôts.
Alors vous savez quoi ! ça a le don de me mettre en pétard ...
Moi je donne pour donner par pour que l'Etat en paie les 2/3 ou les 3/4

***

Cachez-moi ce pauvre que je ne saurais voir.
photo prise par un de mes frères au début des années 60 sans doute près d'un bidonville


Depuis quelques jours (29 novembre 2008), l'actualité est ponctuée par la litanie des morts de la rue. Depuis qu'on veut les obliger à aller dans les centres d'hébergement. Le thermomètre reste pourtant positif et après ces tristes découvertes, on passe à autre chose.

Mais cherche-t-on à savoir de quoi ils sont morts ? Est-ce un effet de résonance ? Y en a-t-il plus ou autant que d'habitude, quand on n'en parle pas ? Rien n'est dit de ces magasins qui rendent les produits jetés impropres à la consommation en les arrosant par exemple d'eau de javel ou pire. Il n'y a pas que l'hypothermie. L'empoisonnement, la contagion, la traque, l'effroi, l'alcool ou le manque, et toutes ces saletés de drogues qui financent au final les grands trafics d'armes et des régimes corrompus. Tout est hypothèse mais pourquoi met-on ces projecteurs sur un échec de plus de nos civilisations dites avancées.

Pas si simple pourtant, d'accueillir certaines personnes quand elles ne vous respectent pas. J'en sais quelque chose qui ai dû, le cœur en berne, mettre un terme aux visites de plus en plus perturbatrices et déstructurantes d'un de mes fils, pourtant chair de ma chair comme il est écrit dans des textes anciens.

Dignité, un mot bien vulnérable quand tout incite, y compris pour ces personnes, au repli sur soi et à l'égoïsme .

Honte, quand un magistrat ose utiliser les ressources du code pénal pour condamner le DAL à 12000 euros d'amendes au titre de l'article xxx pour dépôt d'objets sur la voie publique.

Dépôt, dépôt de biens financiers, caisse des dépôts et consignations, banques de dépôts,

Dépotoir, mot prononcé par ce fils paumé pour qualifier la chambre où il pouvait se reposer de temps en temps et où il entrepose quelques objets qu'il a sauvé de ses diverses errances. Même plus des meubles qu'il a dû abandonner en urgence en province après une nuit de non retour.

Dépotoir, cité aussi par une amie dans sa phrase « il te prend pour un dépotoir », ce qui m'a heurté, parce que j'ai son chien en garde depuis continûment une bonne dizaine de jours, garde sporadiquement prolongée par de rares sms ou du silence. Aux dernières nouvelles, c'était pour jusqu'à vendredi, (hier).

Le chien est mieux traité que son maître. Oui mais qu'y faire ? Son maître est tellement en révolte qu'il se saborde tout seul et refuse la sérénité d'une vie plus régulière, voire ne sait plus canaliser sa violence.

J'ai fait un tour par le dictionnaire : petit Larousse édition 2005 dans la belle édition illustrée de Christian Lacroix

dépôt : action de déposer en lieu sûr ; chose déposée ; somme confiée à un organisme bancaire

mais aussi lieu relevant de la préfecture de police à Paris où sont détenues les personnes en attente d'être présentées aux autorités judiciaires.

Ça ne vous rappelle rien ? N'est-ce pas là dans ce genre de lieu que se sont déplacées il y a peu un tribunal pour auditionner un détenu qui refusait de se rendre au tribunal pour qu'il puisse être constaté l'indignité de leur confinement ! Par des magistrats, tiens !

dépotoir. A priori, on aurait pu penser que c'était justement le lieu où l'on faisait un dépôt. Peut-être en a -t-il été ainsi à l'origine. A l'aide Alain Rey, et pardon pour avoir cité un dico concurrent du vôtre.

dépotoir, donc : 1 dépôt d'ordures ; 2 familier et c'est là que ces conclusions prennent un caractère insultant pour les occupants des tentes de Seine : Lieu où l'on relègue des personnes jugées incapables ou trop médiocres.

Dois-je encore ajouter un commentaire.

Si pourtant, la plupart des centres d'hébergement d'urgence pour Paris sont relégués loin de Paris et le ramassage se fait par cars.

Les médias sont restés plus discrets sur la condamnation des don quichottes pour les tentes du quai de Seine

Quant aux expulsions de squats, c'est silence radio et télé !

Un an déjà et rien n'a changé, si ce n'est que ce ne sont plus tous les mêmes.


J'avais écrit ça.
                Corolles écarlates



Corolles écarlates sur les berges glacées,
Vous n'avez qu'un instant fait fleurir les pavés.
La charge a été brève tout autant que musclée,
La matraque en action derrière les boucliers,
Sans considération pour les eaux menaçant
De geler le corps sec des campeurs imprudents.
Ils pensaient donc encore, inconsciente candeur
Qu'il suffisait de croire en l'instinct de grandeur
Des complaisants humains obéissant aux ordres !
Des sans logis sous tentes auraient trop fait désordre ;
La nuance est ténue du zélé au servile ;
Entre Seine et parvis, cars et files dociles
De touristes oublieux de la misère du monde
 Le temps si éphémère d'un p'tit tour à la ronde.



Voilà les jours d'avant qui faisait plus classieux 
La tente d'un bédouin au confort luxueux,
Posée comme un OVNI sur les Champs Elysées*
Dans le tumulte froid d'un hiver supplicié,
Pour y faire allégeance au roi des Oasiens,
Et accepter l'aumône de ce grand argentier.
Que j'ai mal à ma France, que j'ai honte à ma France,
Quand nos représentants s'humilient sans décence,
Chaque jour un peu plus, chaque jour plus indignes
Sourds à tous ces symptômes qui sont autant de signes.
Jusqu'où certains pourront avaler leur chapeau ?
Nier le rire sous cape, le pli sous le manteau ?
Idéaux sacrifiés au fronton des mairies
Avec les oripeaux de la démocratie !
Trois mots en onze pieds dans la pierre gravés :
Liberté, égalité, fraternité
Ces mots sont-ils à ce point donc antagonistes ?
Nos puissants sont d'habiles illusionnistes !
Ce cynisme masqué au nom du réalisme,
Voire affiché dans l'habit gris du pragmatisme.
Ils osent, sans vergogne, prétendre à l'éthique,
Lors qu'ils n'essayent que fuir le mendiant étique
Sublime, universel, humble en son corps noueux,
Celant une âme pure sous son aspect rugueux.
Décembre 2007 - Jeanne Fadosi - Modifié et complété 19 avril 2008

(complément du 30/12/2014) Le colonel Kadhafi avait été invité par le président Sarkozy pour une visite de cinq jours en décembre 2007 (informations Libération 07/12/2007 ; Ina.fr)   

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