Non, ce ne sont pas Les Chaises de Ionesco mais les chaises d'Emile, vous savez celles de la brasserie à qui Eglantine-Lilas a donné la parole pour le Défi n°111 des CROQUEURS DE MOTS.
- psttt, psttt !
- Ouais !
- Hé, t'en penses quoi toi, du patron ?
- Qui ça ?
- Ben l'Emile, tiens !
- d'Emile ? Je n'en pense rien. L'est pas souvent là. Mais de ce qui l'attend ...
- C'est sûr que prendre une telle succession, ça va pas être facile, facile ...
C'est qu'elle avait sû se rendre populaire, la Madelon : utile, efficace ...
- et affable avec ça !
- ouais, c'est sûr l'Emile, il devrait sourire un peu tout de même.
- C'est pas sa faute, ici, c'est qu'des sauvages
- Chhhhhhhhhhhhhut !
- Ben quoi, c'est vrai, non ?
- Ce sont des taiseux, des gars d'la campagne. Ce qu'il a à faire, c'est les apprivoiser, c'est tout.
- Eh ben ! C'est pas gagné !
- Mais si ! Tu verras ! Laisse-lui un peu de temps. Ne vas pas ajouter ta voix aux langues de vipères. Y en a bien assez comme ça.
- Comment tu l'sais d'abord toi ? Elles ne mettent jamais les pieds ici !
- Encore heureux ! Elles s'raient cap' de commander de l'eau bénite pour allonger leur café !
- Là, tu exagères ! ... Elles ne prennent que de la tisane. Même qu'elle est diurétique.
- Tu sais ça aussi ?
- Ben voui. Figures-toi que dans une autre vie ...
- une autre vie de chaise ?
- Voui ! et crois-moi sur paroles, quand le sermon était un peu long, plus d'une fois j'ai subi des fuites.
- Mama mia ! L'Emile, l'a intérêt à surveiller un peu les débordements. Moi qui suis toute neuve, j'ai pas envie de subir ça !
- T'inquiètes ! t'as vu son enseigne à l'Emile ? Je crois qu'il mise sur la qualité plus que sur la quantité. Un jour ils viendront goûter l'une, un jour l'autre ...
- Ouais, t'as raison, laissons-lui le temps d'apprivoiser ces braves gens.
Mais souris un peu l'Emile, souris donc !