lundi 24 juin 2013

Défi n°105 : "La Toile se dévoile"

Dernière escale des CROQUEURS DE MOTS avec le défi n°105 piloté par l'Amirâl historique Brunô, avant une pause d'été. Mais pas de point final, les défis continuent à la rentrée et les nouvelles candidatures seront bienvenues.
Pour tous renseignements s'adresser au bureau du port, je veux dire La Coquille.

Consigne : "A partir du tableau de Balthus, le peintre et son modèle, donnez libre cours à votre imagination, en prose ou en vers ... Les choix sont multiples, ouverts et libres."

(lui)
Elle est marrante la greluchette. Franchement, elle ne doute de rien à vouloir faire le modèle. Qui a bien pu lui fourrer cette idée dans son crâne ? Regardez-moi ses guiboles toutes maigrichonnes. Y a pas de formes là-dessus. Cet air d'enfant naïf, comment savoir sous ce sac ? Elle est nippée comme l'as de pique. J'espère qu'elle est majeure au moins ! Pourquoi veut-elle gagner des sous déjà ? Ah oui, pour ses cours de théâtre. Et des inscriptions à des concours. Qu'elle semble studieuse en m'attendant, à lire ainsi avec cette attention ! De la géométrie en plus !
Elle arrive bien trop tôt. Je lui avais dit 13 heures. Après tout, je vais mettre le retardateur pour quelques clichés, on verra bien. 
- Puisque vous prenez des cours de comédie, mademoiselle, imaginez que vous êtes en train de lire une lettre de rupture. Non, non restez par terre c'est bien comme ça. Je veux juste l'expression. Prête ? 30 secondes, rafale. C'est parti ... Ah zut, le rideau n'est pas assez ouvert. Que le soleil est haut ! Il est si tard ?

Clic, clic, clic, clic, clic ....

(elle)
Si j'avais su qu'il dormait si longtemps, je lui aurais proposé 14 heures ou 15. Cela m'aurait laissé le temps de finir mes révisions.
Quel regard bizarre quand il m'a ouvert sa porte ! Il m'a traversé comme si j'étais transparente !
Je lui avais bien dit à ma copine, que je n'avais pas un corps de modèle. Pourvu qu'elle ne dise rien à ma mère, elle serait capable de le répéter à mon père. Et à imaginer n'importe quoi ! Ce que je veux, c'est peindre. Faire les Beaux Arts. Pas être peinte. Mon père m'a dit, si tu veux faire des études, d'accord, mais c'est pour avoir un vrai métier. Pour les frais accessoires, tu te débrouilles.
Il lui en a fallu du temps pour émerger ! Allez, vite mon bonhomme ! Demain, j'ai les premières épreuves pour architecture et je voudrais bien me coucher tôt. Et ne juge pas ma personne, si tu crois que tu as un corps d'Apollon ! Tu me tourne le dos dans le contre jour. C'est sûr, ça peut faire illusion. Quel âge peut-il avoir ? 40 ans ? En tous cas, c'est un vieux. Est-ce de lui, cette lettre de rupture imaginaire ? vite chassons cette idée, je sens monter le fou rire.

Clic, clic, clic, clic, clic ....
Jeanne Fadosi, pour le défi n°105 des CROQUEURS DE MOTS

Balthus, peintre figuratif français du XXe siècle, 1908 - 2001
et si par curiosité, vous voulez avoir une histoire plus vraie de ce tableau, j'ai trouvé cet extrait d'un livre de Adélaïde Russo, Le peintre comme modèle, du surréalisme à l'extrême contemporain, Perspectives, Septentrion, presses universitaires, 2007. Dans cet extrait, Adélaïde Musso fait référence au récit de François Rouan, artiste plasticien et essayiste, Balthus ou son ombre, éd Galilée, 2001
à lire aussi, cet article du Point du 31/08/2001, peu de temps après la mort du peintre et à l'occasion d'une exposition Balthus à Venise


Ci-dessus, en clin d’œil à l'architecture, La cité idéalelongtemps attribuée à Piero della Francesca (1420–1492) , l'une des références de Balthus, puis à  Luciano Laurana et maintenant à Francesco di Giorgio (1439–1501)