jeudi 4 avril 2013

Prodiges de l'esprit humain, de Etienne Pavillon

Thème libre choisi pour ce 2nd jeudi en poésie du Défi n°99 des CROQUEURS DE MOTS proposé par ABC

Encore quil y "soie" fait "honneur à la chemise"... Non !!! Ce n'est pas Papillon de Lasphrise. Celui-ci est Pavillon avec un V et il a vécu au XVIIe siècle
Et pour ceux qui douteraient de l'existence de ce poème en ces jours suivants le 1er avril, je ne l'ai pas trouvé sur Internet mais toujours dans Le livre d'or de la poésie française ..., la savoureuse compilation de Pierre Seghers, page 142, editions Marabout 1972. 

Prodiges de l'esprit humain

Tirer du ver l'éclat et l'ornement des Rois, 
Rendre par les couleurs une toile parlante, 
Emprisonner le temps dans sa course volante, 
Graver sur le papier l'image de la voix ;

Donner aux corps de bronze une âme foudroyante, 
Sur les cordes d'un luth faire parler les doigts 
Savoir apprivoiser jusqu'aux monstres des bois, 
Brûler avec un verre une ville flottante ;

Fabriquer l'univers d'atomes assemblés, 
Lire du firmament les chiffres étoilés, 
Faire un nouveau soleil dans le monde chimique ;

Dompter l'orgueil des flots, et pénétrer partout, 
Assujettir l'enfer dans un cercle magique, 
C'est ce qu'entreprend l'homme, et dont il vient à bout.
Etienne PAVILLON

Etienne PAVILLON   (1632-1705)
Un poète, certes, avec une grande élégance
"tirer du ver l'éclat et l'ornement des Rois"

Un visionnaire aussi, à vous glacer les sangs
"Assujettir l'enfer dans un cercle magique"

et loin des moralistes, il anticipe, sans dire le bien ou le mal
"C'est ce qu'entreprend l'homme, et dont il vient à bout"




Tapisserie des Gobelins, motif du peintre Charles Le brun, Louis XIV à lamanufacture des Gobelins
Image trouvée en illustration de cet article très intéressant : Louis XIV un roi en représentation