lundi 30 avril 2012

Défi n°80 Mysterio (BaD's trip 6)

Je profite de l'invitation de notre capitaine de quart Enriqueta pour le Défi n°80 des CROQUEURS DE MOTS pour lancer Notre Belle au bois Dormant sur la trace de son mystérieux Mysterio.

(voici donc la suite de BaD'strip 5. Le début est ICI)

Apercevoir son reflet de lumière dans le miroir l'avait à moitié rassurée. Aurore avait depuis son plus jeune âge été écartée de tout ce qui pourrait lui apprendre la vraie vie. La préserver de tous les dangers ne lui avait pas évité cette rencontre avec la funeste quenouille.

Le lisse de sa vie l'ennuyait profondément et elle en avait conçu une curiosité et un attrait pour tout ce qui lui apparaissait étrange.

Elle était tombée sur une quenouille et la douleur fulgurente était une mise en garde salutaire. Le monde réel n'était pas ce paradis qu'on lui avait fabriqué. Elle devrait se méfier de bien des apparences trompeuses. Mais elle savait maintenant que son premier ennemi, c'était elle-même, naïve, enthousiaste, prête à tomber sous le charme de la première ou du premier venu ou de se fourrer dans les plus hasardeuses situations.

Elle a quitté sans peur ce donjon, aux franges de la France et de la Normandie.

Une rafale l'a fait tournoyé un moment au-dessus de Chateau-Gaillard. Aurore a lu que cette forteresse a été érigée sur les ordres de Richard Coeur de Lion.


Puis la bourrasque la poussa vers le Chateau de Robert le Diable. Les légendes disaient qu'il avait engendré Guillaume le Conquérant. Mais le vent murmurait à Rose-Aurore La complainte de Robert le Diable de Louis Aragon. La voix de Jean Ferrat disait Desnos*, et Compiègnes, et le rire des bouchers, le destin d'un siècle qui saigne ...

Alors, comme pour conjurer ces fantômes troublants, elle alla planer vers la place centrale d'Oslo en un jeudi 26 avril 2012 de fierté, chanter les enfants de l'arc-en-ciel avec Lillebjorn Nielsen

Décidément, depuis que le méchant faisait délicieusement frémir dans les contes imaginaires, quand il surgissait dans le réel, derrière son masque de mystère il ne subsistait rien de la grandeur fascinante de la tragédie.

Rien que l'ignoble et le sordide ... et le puits sans pont de la douleur et de l'absurde.

Alors elle se demandait si Clochette l'avait plongée dans un monde de rêve ou de cauchemar.

Soudain, elle éteignit son téléphone-ordinateur, et en fit offrande à la tempête ...
A suivre ... (peut-être)
*Robert Desnos, 1900 - 1945. Poète, il rompt avec les surréalistes en 1929 pour avoir refusé tout embrigadement au communisme, c'est dès 1934 qu'il rejoint les mouvements d'intellectuels anti-fascistes.