vendredi 10 octobre 2008

Humains, rien qu'humains

~ Billet 20 ~ 10 octobre 2008




Deux mois d'oisiveté relative ont paru bien longs à ces navigateurs de l'extrême. Du moins se croyaient-ils tels dans l'ignorance d'autres performances plus accomplies dont ils commençaient à appréhender la possibilité.
Le commandement a fini par trouver avec les plus sages et influents d'entre eux un mode de fonctionnement qui satisfasse une vie apaisée malgré un horizon vide. Il y eut bien aussi quelques procréations dont les œuvres se formaient lentement au creux de ventres encore silencieux de leurs précieux secrets.
  


mon tout 1er essai de pastel sec
 - Comment ? N'avais-je pas écrit qu'ils étaient 300 hommes ?
C'est que vous êtes victime de ce double glissement de sens des doctrines judéo-chrétiennes, mais bien d'autres civilisations ont eu la même étroitesse de pensée, qui a conduit à considérer les femmes comme inférieures aux hommes (masculins) et par extension à confondre le genre humain avec sa moitié masculine, et encore, c'est faire abstraction du manque de considération pour les "métèques".
 Homme vient du latin  « homo » qui désigne un être humain quelque soit son sexe. Pour la gent masculine, les romains disaient « vir », que l'on retrouve seulement dans viril, virilement et virilité ainsi que dans virilisation, virilisant et virilisme. Ces trois derniers mots ont trait à l'apparition ou l'existence de caractéristiques biologiques masculines chez une femme.
Par une autre étrangeté de notre langue moderne qui devient paresseuse, "homo" remplace de plus en plus "homosexuel", dont il est le diminutif et désigne un ou une personne qui éprouve une attirance sexuelle pour les personnes de même sexe (par opposition à hétérosexuel). Si le discours a évolué à ce sujet, avec autant de lenteur que la loi, sinon les mentalités, il est à noter que ce terme, plus respectueux que les vocables utilisés auparavant, reste curieusement utilisé essentiellement pour les messieurs, les homosexuelles restant plus facilement désignées par un vocabulaire entaché d'une signification plus méprisante. Mais c'est un autre sujet, difficile et complexe, douloureux aussi pour ceux qui sont concernés, ils ont maintenant la parole au moins dans les médias, mais aussi pour ceux qui le subissent, les proches, les conjoints dupés, et ceux-là n'ont pas accès au débat, et qui nécessitera une réflexion à part entière.

Est-ce malice de ma part d'y voir aussi un cousinage avec virus, la désinence en us renforçant le genre masculin ? Ou est-ce pur hasard si les savants ont appelé ainsi ces drôles de petites bestioles qui nous rendent malades pour certains d'entre eux.
D'après mon petit dictionnaire, il vient du latin virus (poison).
Si « vir » en latin signifie homme (être masculin) et si le suffixe « us » , toujours en latin, indique que le nom est du genre masculin, que peut-on en conclure sur la genèse de ce nom qui signifie poison ?
Ne serait-ce pas à cause d'Agrippine la Jeune qui voulut être plus « vir » que « vir » et fut une sacrée empoisonneuse ?
Vers 15-59 après JC, fille d'Agrippine l'Aînée, elle empoisonna son oncle et mari, l'empereur Claude pour installer Néron sur le trône. Elle n'en eut pas de reconnaissance puisque celui-ci la fit à son tour assassiner.
 Je brode, je n'en ai pas la moindre idée, mais l'interprétation est tentante.
 Par quels méandres le mot "homme" a-t-il fini par ne nommer que la moitié du genre humain, le terme puisant ses racines dans l'humus de la terre, humain et terrien né de la terre, de la poussière en somme ? On dit de plus en plus « humain »  pour lever cette ambiguïté et certains préconisent même « terriens ».  Retour à la terre en quelque sorte. C'est nier que la terre qui nous héberge contient aussi d'innombrables organismes vivants que seule notre ignorance arrogante nous permet de déclarer inférieurs à ces drôles de bipèdes omnivores dont nous faisons partie.

Ne pas se méprendre sur mon état d'esprit, je n'ai nullement l'intention de rallumer ou d'allumer une guerre des sexes. Il n'y a pas les femmes qui revendiquent - à juste titre leur place dans les sociétés - contre les hommes. Et les hommes qui, en oppresseurs ancestraux craignent de se retrouver en état d'infériorité à leur tour, payant pour les comportements de leurs aïeux. Ce serait absurde, les uns et les autres sont complémentaires. Il y a l'envie tenace d'un vivre ensemble en considérant avec un égal respect, en accordant une égale dignité, à la totalité des êtres humains.

Si c'est un combat, c'est un combat à mener tous ensemble contre les préjugés et la peur de l'autre. Merci à ces femmes et ces hommes qui nous ont montré le chemin.
La mort d'Aimé Césaire en avril dernier (2008) a été honorée avec toute la déférence que méritait ce lutteur acharné de l'égalité de tous les hommes.
Au même moment, s'éteignait dans une trop grande discrétion médiatique, une grande femme qui a montré le même chemin.
Germaine Tillion, ethnologue,  en 2000

Il nous faudrait d'autres femmes de cette envergure, sans les horreurs des camps qu'elle a notamment étudié en ethnologue, de l'intérieur.
(complément du 6 avril 2015, Germaine Tillion va avoir une plaque au Panthéon)