jeudi 23 octobre 2014

Le front, de Maurice Scève



Dômi, capitaine des CROQUEURS DE MOTS depuis que Tricôtine lui a transmis le témoin de la communauté est pour la quinzaine à la barre du Défi n°132

Le thème général en est d'expliquer à notre sauce personnelle l'origine d'une expression connue
fil directeur pour le choix des poésies du jeudi, tout en nous laissant libre de voguer à notre guise sur les flots de l'imagination, j'ai surfé sur le blason jeudi dernier pour le redorer lundi. Ce jeudi, je reviens au blason comme court poème célébrant une partie du corps féminin (en mode élogieux ou satirique)

Le Front

Front large et hault, front patent et ouvert,
Plat et uny, des beaux cheveulx couvert :
Front qui est cler et serain firmament
Du petit Monde, et par son mouvement
Est gouverné le demeurant du corps :
Et à son vueil sont les membres concors :
Lequel je voy estre troublé par nues,
Multipliant ses rides tresmenues,
Et du costé qui se presente à loeil
Semble que la se lieve le soleil.
Front élevé sur cette sphère ronde,
Où tout engin et tout sçavoir abonde.
Front reveré, Front qui le corps surmonte
Comme celuy qui ne craint rien fors honte.
Front apparent, affin qu'on peult mieulx lire
Les loix qu'amour voulut en luy escrire,
O front, tu es une table d'attente
Où ma vie est, et ma mort trespatente.

Maurice Scève, 1636.

Maurice Scève, poète français, 1501 - 1564, professeur et ami de Pernette du Guillet, poétesse contemporaine de Louise Labé