Pour le second jeudi en poésie du défi n°94 des CROQUEURS DE MOTS, Hauteclaire, après nous avoir fait fantasmer à propos de la Femme fatale, nous entraîne dans le sillage du Héros.
Héros mais lequel ? Le surhomme, le brave ou le personnage ?
le cinéma, thème du défi, me renvoie à l'un des premiers films qui m'ont marqué
Mais en poésie, j'ai pensé à ce poème de Gérard de Nerval, que je m'étonne de ne pas avoir déjà mis en ligne.
El Desdichado
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
Gérard de Nerval, Les Filles du feu, Les Chimères, 1854
Gérard de Nerval, 1808 - 1855, écrivain et poète français
Les Filles de feu : recueil de huit nouvelles et de douze sonnets regroupés sous le nom de Les Chimères
cliché d'un sarcophage musée archéologique de Thésalonique :
Orphée parmi les animaux