C'est la rentrée aussi chez les CROQUEURS DE MOTS avec le défi n°85 proposé par Blog'heures pour notre cap'tain Tricôtine, et même notre amiral d'honneur Brunô.
J'ai écouté l'univers sonore proposé par Voilier. Je ne sais pourquoi j'ai librement pensé à un autre défi proposé par Nounedeb, je vous en mettrai le lien à la fin de ce billet.
***
Longtemps après, dans l'épaisseur du silence, dans l'encre noire de la nuit, la dernière note se prolongea au-delà de toutes les barrières, portée loin derrière l'horizon, de l'autre côté du monde.
Longtemps encore, il resta là porté par une indicible nécessité d'immobilité.
Il avait senti les ombres s'éloigner furtivement des vagues, rejoindre peu à peu la ville et son agitation, il avait senti l'instant retenu, leur volonté de suspendre la légère vibration de l'air qui semblait avoir arrêté le temps.
Sur la plage, devant la scène depuis longtemps désertée des musiciens, ils étaient encore quelques irréductibles à rester là, écoutant le vent et la mer inlassablement. Bien sûr, il ne les connaissait pas. Mais il reconnaissait
chacun d'eux, toujours les mêmes. Ils se reconnaissaient.
Une goutte d'eau tinta sur un galet, d'autres s'enfonçaient, silencieuses, en ronds ourlés dans le sable. Bientôt la pluie l'obligerait à déserter son rêve.
Il se releva à regret, s'ébroua. Ses os craquaient de l'intérieur comme dans une cathédrale de stalactites. Le charme était rompu. Il eut froid.
La lune, dans une trouée de nuage, a fait briller une drôle de petite chose sous ses pieds. Il se contenta de l'éviter.
Il lui tardait maintenant de rentrer.
Demain, il y aurait un autre violon sur le sable1.
***
Rendez-vous au défi n°77 : cartes sur sable pour lire le point de vue de la petite chose qui brillait sous la lune.
1. Allusion au festival de musique de Royan, Un violon sur le sable (auquel je n'ai jamais eu l'occasion d'aller. texte donc de pure imagination)