jeudi 31 janvier 2013

Le ver luisant, de Maurice Rollinat

Défi n°95 chez Lénaïg pour les CROQUEURS DE MOTS sous le signe du vent et du petit et du grand en poésie.

Il est un poète juste connu pour charmer les petits écoliers francophones avec un seul poème.
Si je vous murmure :
"La biche brâme au clair de lune ...

vous enchaînerez sans doute :
"Et pleure à s'en fondre les yeux ...

Je l'avais mis en ligne ICI pour faire suite à une anecdote racontée et que j'ai dépoussiéré avec quelques retouches pour MiletUne ces jours-ci.

Et pourtant, Maurice Rollinat est un poète qui me semble mériter une place bien plus grande que celle qu'il a eu de son vivant et maintenant. 
Je n'ai pour illustrer petit et inouï, que l'embarras du choix dans son oeuvre abondante. Et j'ai hésité :
La petite couturière ; La petite gardeuse d'oies ; Les petits taureaux ; Le petit coq ; Le petit fantôme ; Le petit chien ; Le feu follet ... Il décrit les gens dans la vie de son temps, plutôt à la campagne, sans donner de leçons. Ses tableaux impressionnistes et réalistes parlent d'eux-mêmes.


LE VER LUISANT


Le petit ver luisant dans l’herbe
S’allume cette fois encor
A la même place ! Le cor
Pleure au loin ; la nuit est superbe.

Au doux âge où l’on est imberbe,
Je l’admirais comme un trésor.
— Le petit ver luisant dans l’herbe
S’allume cette fois encor.

Mais, dira le penseur acerbe :
« Tout ce qui reluit n’est pas or ! »
Moi, je réponds à ce butor,
Que j’aime, en dépit du proverbe,
Le petit ver luisant dans l’herbe.


Maurice Rollinat — Dans les brandes, poèmes et rondels, 1877

Maurice Rollinat, poète, 1846 - 1903
Son oeuvre en ligne sur wikisource


cliché de Herky, licence creativ common, source wikimedia