Autre nuance notable, quatre ans ont passé. Je n'en garantirais plus la capacité à le réciter encore par cœur sans trous de mémoire ...
Il ne vous aura pas échappé que c'est l'automne, le moment de préparer les futures récoltes.
Je me doute bien, j'en suis même sûre, pour l'avoir déjà rencontré sur certaines de vos pages, que ce poème a déjà été mis en ligne pour le Jeudi en poésie des Croqueurs de mots.
Mais que voulez-vous, je ne m'en lasse pas. C'est le cinquième sur mon anthologie d'adolescente, et je le connais encore presque'entièrement par cœur.
Saison
des semailles. Le soir.
C'est
le moment crépusculaire.
J'admire,
assis sous un portail,
Ce
reste de jour dont s'éclaire
La
dernière heure du travail.
Dans
les terres de nuit baignées,
Je
contemple, ému, les haillons
D'un
vieillard qui jette à poignées
La
moisson future aux sillons.
Sa
haute silhouette noire
Domine
les profonds labours.
On
sent à quel point il doit croire
A
la fuite utile des jours.
Il
marche dans la plaine immense,
Va
, vient, lance la graine au loin,
Rouvre
sa main et recommence,
Et
je médite, obscur témoin,
Pendant
que, déployant ses voiles,
L'ombre
où se mêle une rumeur
semble
élargir jusqu'aux étoiles
Le
geste auguste du semeur.
Victor
Hugo, 1802 - 1885,
Recueil
les chansons des rues et des bois, 1866.