M'amzelle Jeanne à la barre du défi n°128 des CROQUEURS DE MOTS laisse aux moussaillons amateurs de poèmes le libre choix du thème. Et comme le thème général du défi semble être les sentiments, voici ce que Vercors écrit de la passion en un petit paragraphe de sa nouvelle La marche à l'étoile.
Oui, je sais, c'est de la prose. Mais dans cette nouvelle remarquablement écrite, le héros, Thomas, poétise sa vie au moins autant qu'il ne la vit et la projette dans l'avenir, du moins au début.
Telle est la force de la passion, - telle en est la limite aussi et c'est pourquoi je ne l'aime pas. La passion est une terrible destructrice. Elle détruit dans la tête de qui la loge tout ce qui n'est pas son idée fixe. Elle fait une effroyable consommation d'impulsions et de concepts dont elle nourrit son insatiable cancer. Et quand, par fortune bonne ou mauvaise, elle vient à disparaître (comblée ou consumée), elle laisse dans la maison de qui l'a nourrie une vacance dévastée, et son hôte privé de désirs, - hormis la soif de devenir esclave de nouveau.
Vercors1, La marche à l'étoile, 1943,
p139 dans l'édition de 2013 du livre de poche du silence de la mer et autres nouvelles suivi de La marche à l'étoile
1.- Vercors (Jean Bruller), écrivain et illustrateur français, 1902 - 1991
bonus : Une passion "très contrôlée" de la musique (pardonnez-moi cet oxymore) (La Roque d'Anthéron/France Inter, jeudi 24/07/2014, 7h23)
Et sur un autre sentiment qu'est l'amitié :