jeudi 15 novembre 2012

Automne malade, de Guillaume Apollinaire

Défi n°90 des CROQUEURS DE MOTS chez Suzâme : votre coup de coeur ce jeudi.
J'en aurais tant ...
Alors, comme fil conducteur, et pour prolonger les saveurs automnales Entre ombre et lumière proposées par Christiane et l'évocation de Guillaume Apollinaire, le poète expérimentateur, un de ses poèmes sur l'automne.

Automne malade

Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers

Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes* aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé

Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé

Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule

Guillaume APOLLINAIRE, Alcools, 1913

*Dans la mythologie germanique et scandinave les nixes sont des nymphes aquatiques qu’affectionne l’auteur (cf la Lorelei, qu’il évoque dans un autre poème). Apollinaire les qualifie de « nicettes », de l’ancien français « nice » : niais, mignon.

Derniers coings et feuilles sur un cognassier voisin (cliché sans retouche au zoom)

Guillaume Apollinaire, poète, 1880 - 1918. Alcools, publié en 1913 aux Mercure de France, est un recueil de poèmes écrits entre 1898 et 1913.

J'ai déjà mis ce poème en ligne ICI pour illustrer le thème de la rumeur proposé par Enriqueta pour le défi n°80.
J'y avais mis un lien pour l'écouter par Léo Ferré lien qui n'est plus disponible.
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