dimanche 17 juin 2012

Voyelles, d'Arthur Rimbaud

Ce pourrait être un complément aux Anges de ce mardi pour Ombre et lumière.
Ce pourrait être un supplément à l'envie de changer d'air aux CROQUEURS DE MOTS, quand des relents nauséeux remontent à la surface de ce qui devrait être Les Belles Lettres du temps et qui peuvent l'être quand les Académiciens font des choix courageux.

Rimbaud a traversé son temps en poésie brièvement mais ses poèmes traversent et traverseront justement les siècles. Il n'a pas eu le temps d'être académicien. L'aurait-il été en ce temps-là ? rien n'est moins sûr. Où alors pour une évolution qu'il n'a pas écrite et dont il nous a épargné la lecture.

Voyelles est sans doute l'un de ses poèmes les plus célèbres.



Voyelles


A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -



Quelques précisions intéressantes sur ce poème ICI
mais aussi à la lumière des avancées de la science neurobiologique en lisant Embrasser le ciel immense, de Daniel Tammet, où il évoque la synesthésie.


Coppée (pas le politicien actuel), mais se prénommant presque pareil, un poète académique du XIXè siècle devenu académicien, fort justement oublié comme beaucoup d'anciens "immortels"

l'un des plus ardents accusateurs de Dreyfus vous savez, l'Affaire dreyfus, ... Zola , J'accuse ...

a osé commettre ce médiocre pamphlet en même temps qu'il vantait les mérites de son père, humble, ne se plaignant jamais, besogneux et acceptant, parce que c'était écrit, parce que Dieu le voulait, d'être pauvre, sans jamais évoquer qu'il était, ce qui était pourtant une vérité encore plus criante que maintenant, exploité ainsi que ses semblables.

La confrontation des deux textes me semble se passer de commentaires



Rimbaud, fumiste réussi,
Dans un sonnet que je déplore,
Veut que les lettres O, E, I
Forment le drapeau tricolore.
En vain le décadent pérore,
Il faut sans « mais », ni « car », ni « si »
Un style clair comme l'aurore :
Les vieux Parnassiens sont ainsi.
François Coppée, 1874