Le défi n°77 des CROQUEURS DE MOTS est proposé par Nounedeb
Comme une valse lente, l'océan m'a longtemps ballottée dans ses eaux, avant de m'abandonner sur un tas d'algues, entre deux bouts de bois.
Je sens mes forces me quitter tandis que les dernières notes, un moment suspendues, s'éteignent, relayées par un crépitement désordonné qui m'impressionne.
Dans l'épuisement des applaudissements, un maelstrom de sons et de couleurs intenses embrase le ciel indigo.
L'orchestre a repris, accompagnant cette danse qui, dans une chorégraphie audacieuse, rend la lune blême de jalousie.
Un goéland apeuré s'est enfui en criant.
Près de moi, j'entends gémir une drôle de petite chose bleue. Elle pleure sa sœur siamoise. Elle pleure son petit maître. L'empreinte qu'elle croyait avoir reconnue ne mène nulle part.
Insensibles à cette détresse, les dernières fusées du bouquet final explosent en un déchaînement multicolore. Ces étranges bipèdes apprécient ...
Ils ressemblent à ceux qui ont capturé mon banc dans leur filet et m'ont rejeté par dessus bord.
La musique s'est tue, relayée par les conversations d'une foule qui s'ébroue par petits groupes désordonnés.
Dans les mouvements fluides des derniers techniciens qui s'activent, deux contrebasses goûtent enfin ce temps suspendu où elles peuvent s'imprégner de ces sons bruts, intemporels, chauffer leur robe à la lueur de celle qui a retrouvé son territoire.
La plage peu à peu désertée reprend, elle aussi, ses habitudes.
Ce n'est pas le silence.
Ce n'est pas l'obscurité.
Dans un de ses rayons, mes écailles on dû luire. Un photographe attardé me met dans sa boite. La petite chose bleue aussi aura une autre histoire ...
Plus tard encore, dans le cœur de la nuit, peut-être apercevra-t-on Béryl et son pépé ...