robot, automate, (automate d'art), mécanisme, ... métier jaquard ... limonaire et orgue de Barbarie.
L'orgue de barbarie
Moi je joue du piano
disait l'un
moi je joue du violon
disait l'autre
moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou...moi de la flûte
et moi de la crécelle
Et les uns les autres parlaient parlaient
parlaient de ce qu'ils jouaient.
On n'entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait
mais dans un coin un homme se taisait:
"et de quel instrument jouez-vous monsieur
qui vous taisez et qui ne dites rien?"
lui demandèrent les musiciens.
"Moi je joue de l'orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi"
dit l'homme qui jusqu'ici
n'avait absolument rien dit
et puis il s'avança le couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l'orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée endormie par ennui
et elle dit:
"Moi je jouais au cerceau
à la balle au chasseur
je jouais à la marelle
je jouais avec un seau
je jouais avec une pelle
je jouais au papa et à la maman
je jouais à chat perché
je jouais avec mes poupées
je jouais avec une ombrelle
je jouais avec mon petit frère
avec ma petite sœur
je jouais au gendarme
et au voleur
mais c'est fini fini fini
je veux jouer à l'assassin
je veux jouer de l'orgue de Barbarie."
Et l'homme prit la petite fille para la main
et ils s'en allèrent dans les villes
dans les maisons dams les jardins
et puis ils tuèrent le plus de monde possible
après quoi ils se marièrent
et ils eurent beaucoup d'enfants.
Mais
l'aîné apprit le piano
le second le violon
le troisième la harpe
le quatrième la crécelle
le cinquième le violoncelle
et puis ils se mirent à parler parler
parler parler parler
on n'entendit plus la musique
et tout fut à recommencer!
Jacques Prévert, Paroles, 1946
mis en musique par Joseph Kosma
Je l'ai longtemps écouté dans Mouloudji chante Prévert sur ma ancienne platine. J'ai toujours le 33 tours mais la platine a capitulé. Les titres de ce disque sont un condensé de son univers. Il y dénonce, souvent par l'absurde, l'absurdité de la guerre, de la misère, des crimes ...
Barbara, bien sûr, A la pêche à la baleine, l'assassin ...
J'ai hésité, figurez-vous à mettre ce texte en ligne, de peur qu'il soit mal compris.
Dans ce désespérant regard sur la noirceur humaine, j'ai trouvé cet autre poème en furetant sur le web :
Le carroussel des automates du québecois, Jean-Claude St-Louis. Vous le lirez dans une édition plus confortable sur le site participatif de poésie webnet ICI
Que de vile laideur qui va faire fuir ma gentille visiteuse des étoiles, Hectorine
Si vous voulez rêver encore de magie, si vous voulez retrouver votre âme d'enfant, alors, si vous en avez l'occasion et que ce n'est déjà fait, allez, que dis-je, courez voir, en trois dimensions, le robot d'Hugo Cabret