dimanche 16 novembre 2008

Perplexité

~ Billet 26 ~ 16 novembre 2008

Le mardi 4 novembre, (pardon pour le retard), Le mardi 4 novembre s'inscrira dans l'Histoire du monde, et le souffle du vent a beaucoup évoqué le célèbre discours de Martin Luther King . 


Ce discours fut prononcé sur les marches du Lincoln Mémorial pendant la Marche vers Washington pour le travail et la liberté à Washington le 28 août 1963
J'en avais un extrait dans le livre dont je vous ai déjà parlé "Paroles d'espoir" et une version simplifiée envoyée par ma sœur Lil dans sa dernière carte de vœux,




comme un encouragement à penser l'impossible à défaut de le réaliser. A ce propos voici une autre citation de ce petit ouvrage tiré de l'âge cassant de René Char dans Recherche de la base et du sommet chez Gallimard :
                                               L'impossible,
                                      Nous ne l'atteignons pas,
                                  Mais il nous sert de lanterne.
                                                        René Char, L'Age cassant


Mes scrupules m'ont conduit à vérifier sur Internet le contenu de ce discours.
Et je n'y ai rien retrouvé s'y rapprochant. Alors quoi, les sites visités ne citent -ils qu'un extrait différent de celui que j'ai par écrit ? Ou ce qui circule sont peut-être des interprétations libres du texte original ? Où celui-ci n'est-il pas disponible en ligne puisque les droits d'auteur ont fait l'objet d'une discorde bien éloignée de l'esprit d'un tel message ?
Perplexité ! que faire ! Si je mets en ligne, même pour mon petit cercle très restreint de lecteurs les fac similé des textes écrits, ne vais-je pas encourir les foudres et la cupidité de légataires bien oublieux et mesquins ?
De toutes façons, je ne sais même pas à qui demander d'autorisation.
En persévérant, j'ai fini par trouver dans les citations commentées de Wikipédia  l'allusion à l'hiver thermonucléaire et n'ai pas bien compris d'où c'était tiré.




Et aussi que Le Révérend était coutumier de la reprise de discours plus anciens. Au temps où je potassais à la fac, ça fait longtemps, on parlait élégamment de compilations.

Quelle drôle d'idée de croire que la pensée de quelqu'un est une création originale !

L'auteur y met son style, sa patte oui, mais les idées circulent fluides dans l'espace et dans le temps.

Qui aurait connu Socrate, qui n'écrivait pas, si ses élèves n'avaient pas ancré sa pensée ?
Que seraient La Fontaine sans Ésope, Racine et Corneille sans les tragédiens grecs, "La Guerre de Troyes n'aura pas lieu" sans Homère, Homère sans des aèdes et conteurs plus anciens ?

C'est à cela que doit servir la pensée vivante, à circuler, à faire réfléchir, faire des bourgeons, des rameaux annexes, des fleurs des fruits et aussi des idées critiques ou divergentes, des insectes la sèment, d'autres se comportent en parasites ou en prédateurs. 
Les idées comme le monde vivant, essaiment, survivent ou sont étouffées. Il est de vraies nuisances à combattre avec détermination, mais les meilleures idées ne survivraient guère dans un monde de pensée uniforme.

Entre le respect servile de la tradition des pères et le rejet insolent de l'expérience accumulée au fil de l'Histoire, d'autres chemins sont nécessaires, prudents, escarpés, difficiles certes, mais nouant la découverte à la sagesse du guide.



Je voulais recadrer cette photo. Mais le détail qui s'est invité dans le coin de l'objectif est un geste chargé de tant de pensées et d'émotions ! Comment ne pas évoquer Icare et à son rêve fou, à l'époque impossible ?