lundi 8 août 2011

Défi n°61 : avec pour tout bagage ... (la disparition 5)

En guise d'avant-propos :
C'est Lénaïg qui a pris la barre des CROQUEURS DE MOTS pour le défi n°61 
Et comme mes personnages du défi n°60 sont en chemin, il m'a semblé logique d'évoquer leurs bagages. Pas si simple pourtant avec la contrainte que je me suis fixée toute seule. Pour ce cinquième extrait, en effet, il manque une nouvelle lettre. Et je dois avouer que celle-ci m'a donné pas mal de soucis, aussi incontournable que les autres en somme. A vous de la trouver.

Début                                 Extrait précédent.

Pendant que Josua guettait le bon moment dans la plaine, il l'imaginait là-haut, dans l'immobilité de l'attente.

Ils s'étaient installés là l'été d'avant. La montagne et ses habitants les avaient acceptés sans questions, même si les contacts avec le village étaient limités à l'essentiel. Ils vivaient, sauf exception, avec ce que le sol et les bêtes donnaient.

Nul ne s'était soucié de l'absence de l'homme à l'alpage. Les hommes quittaient les maisons un à un et l'on ne demandait pas si c'était le STO ou le maquis. Ceux-ci faisaient comme si, fantômes de la nuit, aussi invisibles et silencieux que possible.

Son sac était fait. Enfin non, évidemment : elle avait besoin quotidiennement du peu d'effets et d'ustensiles qu'elle avait glanés depuis son exil d'Espagne. Josua lui avait mis l'équipement de montagne. Et elle confectionnait des biscuits secs.

Depuis quelque temps, elle se hissait jusqu'au chalet. Elle lisait chaque fois les mêmes pages de la même légende fatiguée. Elle attendait le signal convenu. Un matin, enfin, dans les pages jaunies, une feuille séchée qui ne payait pas de mine. 

Le guide avait déposé là le signe qu'il était du bon côté du fleuve et que le moment était venu. Elle hésita, posa le conte à sa place, le saisit à nouveau, fit cinq ou six fois le même geste, se décida.

Elle calma son pas et descendit en cachant son enthousiasme. Son baluchon fut vite bouclé. Elle éteignit le feu à la midi passée, comme d'habitude, balaya des yeux la pièce nue et se mit en chemin.

Les bêtes étaient confiées aux fantômes de la nuit qui avaient investis avec soulagement la cabane et celle-ci vivait et fumait comme avant.

Je viens, Josua, je viens ...