Déjà le 41ème défi desCroqueurs de mots.
C'est Jil Bill qui profite des vacances (mais non la cour de récré de JB reste ouverte) pour mettre toutes voiles dehors à destination du chocolat.
J'en ai les papilles et les narines qui ouvrent grandes leurs écoutilles.
Prêt à larguer les amarres ?
Le chocolat, je ferme les yeux, j'oublie les infos qui m'ont seriné ces derniers jours, entre deux rappels du passage à l'heure d'hiver, que ce dimanche était le dernier jour du Salon du chocolat.
-
Veux-tu prendre le métro à Philippe Auguste ou à Charonne, mon
chéri ?
C'est
ma marraine qui interpelle ainsi mon parrain, vous savez, Rogerly, le
clown blanc. Je suis en vacances pour les quelques jours de fin
d'année chez eux, à Paris ! Nous sommes en 1959, je crois et j'y
suis venue par le train avec ma tante et mon oncle. Nous nous
apprêtons à aller faire les vitrines des grands magasins qui
étaient animées et décorées et faisaient déjà la joie des
enfants, et, chut, c'est un secret, des adultes qui les y emmenaient.
Ma
marraine pose la question par habitude. Elle est sûre de la réponse.
- Nous
partons par Charonne, bien sûr !
Ce
n'est pas une question de ligne de métro, le trajet est à peu près
équivalent.
Ce
n'est pas non plus une question de distance entre leur domicile et la
station la plus proche. C'est un tout petit peu plus long par
Charonne, une petite centaine de mètres tout au plus, mais
évite une côte éprouvante pour ma marraine qui a un problème
cardiaque.
Non,
c'est une question de gourmandise et surtout de plaisir olfactif.
Bien
sûr, les habitants de ces quartiers depuis des dizaines
d'années maintenant n'ont sûrement pas le souvenir de ce qui nous
faisait passer par ce chemin.
Que
pouvait-il donc y avoir sur le trajet ?
J'ai
d'autres délicieux souvenirs d'enfance liés au chocolat et quelques
déceptions aussi, comme le matin de noël 1955 ou 1956 où,
sous le sapin, le père Noël avait oublié de déposer les petits
paquets individuels de dix croquettes au chocolat pour
chacun des grands et des petits, présents ce jour-là à la maison.
J'avais toujours été émerveillée de sa grande connaissance de
l'actualité des maisons, mais là, il avait tout faux. Déjà que
des mauvaises langues avaient commencé à insinuer le doute à son
égard dans mon esprit, ...
Pas de
croquettes, pour personne ! Il exagérait franchement ...
Jusqu'à
ce que deux jours après, nous retrouvions, laborieusement expulsés
par notre caniche Alma, le joli papier et les ficelles dorées qu'il
avait avalés dans sa frénésie festive !
Le chocolat, c'est aussi une matière première dont les enjeux ont conduit à déchirer les pays producteurs, alors que les cours avaient chuté sous les lois de la spéculation des pays consommateurs.
J'achète le chocolat quand je le peux, et qu'il est bon, sous les labels commerce équitable et bio. Je sais que ce n'est qu'un premier pas, et qu'il y a des intermédiaires qui surfent sur les bons sentiments. Comment savoir jusqu'à quel point l'équité et la biodiversité sont respectées ?
Reste un autre combat, pour la dignité, le progrès social et la lutte contre le travail des enfants et l'utilisation d'une main d’œuvre servile.
Reste encore un autre combat, combien plus difficile encore, que la production de denrées telles que ces matières premières nobles soient valorisées par rapport à la production hélas beaucoup plus lucrative de ces poisons mondiaux que sont les drogues.
J'achète le chocolat quand je le peux, et qu'il est bon, sous les labels commerce équitable et bio. Je sais que ce n'est qu'un premier pas, et qu'il y a des intermédiaires qui surfent sur les bons sentiments. Comment savoir jusqu'à quel point l'équité et la biodiversité sont respectées ?
Reste un autre combat, pour la dignité, le progrès social et la lutte contre le travail des enfants et l'utilisation d'une main d’œuvre servile.
Reste encore un autre combat, combien plus difficile encore, que la production de denrées telles que ces matières premières nobles soient valorisées par rapport à la production hélas beaucoup plus lucrative de ces poisons mondiaux que sont les drogues.
Et même si le chocolat satisfait le doux défaut de gourmandise, c'est minuscule travers.
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