~ Billet 420 ~
Défi n°28 pour les Croqueurs de mots, le premier cap de notre Amirale Tricroquine nous fait grimper au grenier, fouiller dans les malles aux souvenirs, y dénicher cinq objets à nous, vraiment.
Bon je dévie déjà de la consigne, en ne respectant pas tout à fait le titre.
C'est que je n'ai plus de grenier digne de ce nom, même si j'en ai reconstitué malgré moi le principe dans les pièces de mon logis.
Dans les maisons de mon enfance, la porte du grenier était fermée à clé.
Au début, parce que j'étais trop petite, et très vite pour canaliser mon tempérament d'exploratrice.
Il y avait une annexe au-dessus du porche où j'y accompagnais plus souvent ma maman. Il était idéalement ventilé et éclairé pour y entreposer le tilleul à sécher que nous ramenions du pré de ma tante, près de la rivière.
Alors ne me demandez pas d'associer les tisanes à ces potions de jours fiévreux. Toutes ces senteurs fleuries et délicatement sucrées me ramenaient aux après-midi dans l'herbe fraîche, quand adultes et grands enfants se retrouvaient à la fin de l'été pour faire la cueillette de cet unique et généreux arbre parmi les chants des oiseaux, les bourdonnements d'abeilles et les bruissements du vent, sans oublier les joyeux bavardages ou le vol des demoiselles dans la lumière oblique.
Dans cette pièce, s'y mêlait aussi les effluves des confitures et gelées de groseilles, de cassis et de framboises, juste épicées de cette poussière incontournable de ces lieux moins astiqués et plus tard, les coings qui y étaient mis à mûrir avant de finir en gelée et pâte de fruit.
Je n'avais guère l'occasion ni la tentation d'explorer les objets qui y étaient entreposés;
Je me souviens du landau aux formes désuètes qui avait connu tant d'enfants avant d'être détrôné par les nouveautés bien mieux suspendues.
L'ai-je rêvé aussi à force de descriptions, cette boite à compteur qui a accueilli la troisième de la famille, le deuxième dormant dans le landau et la première dans le berceau. Celui-ci n'y était pas. Il continuait à accueillir les petits enfants quand ils venaient à la maison, même pour une sieste. Mais cette caisse en bois rêche qui avait été méticuleusement et affectueusement capitonnée de tissu fleuri ?
J'avais aussi sorti de l'oubli cet engin bricolé par mon père et dont j'ai le nom sur le bout de la langue. Avec lequel on dévalait dangereusement les pentes irrégulières du chemin. Ça y est, le nom me revient : un cyclorameur !
Mais si je recherchais volontiers les lieux écartés, comme les greniers ou les remises, c'est plus par goût de cette solitude, où je pouvais explorer mes rêves et mes contrées idéales.
Alors, dans mon grenier imaginaire, j'y ai précieusement rangé mes rêves, mes illusions, mes idéaux ... Et j'y vais aussi souvent que la vie quotidienne me meurtrit. J'y retrouve volontiers ce qui me fait tenir debout, ce qui me permet de garder, chevillé au corps, cet espoir des possibles.
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