Pour le Mots de tête n°3 de Brunô pour les Croqueurs de mots, et comme j'ai d'autres projets dans la vie et pour le blog, Brunô me donne l'occasion de rééditer le trompe l’œil peint par ma sœur Jacotte pour un fond de couloir aveugle.
Bigornette ne nous en voudra pas, ni à Brunô, ni à moi, si j'en profite pour republier ici le poème que j'avais écrit pour son jeu d'avril.
Il vous suffit de cliquer sur la fenêtre pour revoir l'image dans son contexte initial et sur le titre du poème pour revisiter ma contribution aux parchemins de Bigornette
La première fenêtre ouverte sur le monde
Me protégeait sans doute de l'ardeur du jour
En cette fin d'été bruissant des chants d'arondes
Réunies sur les fils, prêtes pour le retour
Vers des contrées plus douces anticipant l'hiver
Jusqu'au printemps suivant où le soleil trop cru
Les renverraient vers notre terre hospitalière.
Au bout d'un long voyage arrivant tant recrues
De fatigue et de vent, sous le hangar branlant,
Entre le mur de pierre et quelques poutres blondes,
Là-haut sous la charpente un doux nid les attend.
Au clocher tinte l'heure. Entends le chant du monde,
Nouveau né tout fripé tant pressé de paraître,
De tes jours d'innocence éloignant la vieillesse
De tes parents émus ouvrant grand la fenêtre
A l'avenir heureux d'éternelle jeunesse.
Reviendront-elles ces crâneuses messagères ?
Que sont donc devenues toutes ces espérances ?
Secondes par milliards au sablier du temps,
Vous avez fabriqué des passés trop amers,
Fait venir à mes yeux des larmes au non-sens.
Je ne sais plus pleurer de trop de souvenirs
Et, pour vivre debout, je choisis de sourire.
La vie est un voyage. C'est banal à dire,
Faite de petits riens et de grandes détresses.
Certains virages flous m'ont conduit vers le pire
Et si tant de chagrins par pudeur contenus
Vous font croire un instant que je ne sais qu'en rire
Ou que j'aurais trouvé un chemin de sagesse,
Si mon âme blessée, je n'ai rien oublié,
J'ouvrirai la fenêtre aux matins à venir.
Jeanne Fadosi, achevé le dimanche de pâques 12 avril 2009