mercredi 15 avril 2009

Epitaphe à des chats : IV A Toby

~ Billet 97 ~ (ex catégorie poésie)
Pour
 les parchemins de Bigornette
Epitaphe à des chats : I Prologue ; II A Minouche ; III A Gribouille ; IV A Toby


A Toby,

Plusieurs années passées
Sans aucun animal,
Mais toujours je pensais
A ces p'tites bêtes à poil.

L'occasion d'accueillir
Un chaton émouvant.
J'avais vu du plaisir
Dans l'œil de mes enfants.

Tu fus vite adopté
Et pendant les vacances
La voisine t'apportait
Ton eau et ta pitance.

Tout s'était bien passé
Lors des premiers départs
Et tu nous retrouvais
Ronronnant avec art.

Notre chemin ensemble
Fut de courte durée.
Et aujourd'hui j'en tremble
Encor', colèr'rentrée !

Tu étais là gisant
Tremblant dans l'escalier,
Tes chairs décomposées,
Déjà agonisant !

Et la supplique muette
Dans leur regard embué :
« Maman, faut le soigner !
- Il va mourir, peut-être. »

J'aurais dû m'aviser
Que les superstitions
N'étaient pas oubliées :
Un chat noir, damnation !

La voisin' n'aimait pas
Au moins inconsciemment,
S'occuper de ce chat
Descendant de Satan.

Ell' semblait ennuyée
De ne pas avoir pu
Tout faire pour le soigner
Comme elle aurait voulu

Mais en vrai au bûcher,
En d'autres temps furieux,
Mon chat et moi, mon Dieu !
Aurions été brûlés.

Comme cette couleur
Ne pouvait que déplaire,
J'étais pour mon malheur
Qualifiée de sorcière !

Toby, je savais bien
Que dans ton agonie,
Je ne pouvais plus rien
Pour te garder en vie.

Et je vous ai laissés,
Enfants, le cœur en berne,
Partir vers votre été
Emportant votre peine.

Nous savions tous au fond
Que sa fin était proche.
J'ai enfoui bien profond
Mon chagrin dans ma poche.

Et si cette blessure,
Avant des jours maudits,
Semble une égratignure,
Dans mes yeux, c'est la pluie ...
Jeanne Fadosi, dimanche 12 avril  2009