lundi 28 juillet 2008

Pourquoi nous voyageons : 1 Les voyages forment la jeunesse

28 juillet 2008 (billet 7)

La possibilité de voyager loin et rapidement pour une proportion assez grande des populations des pays les plus prospères de la planète est une aventure humaine récente.

Il y a 150 ans, les diligences parcouraient au mieux 8 kilomètres (deux lieues environ) en une heure sur des chemins caillouteux et cahoteux. Le chemin de fer en pleine construction mettait sur les rares lignes existantes toute une journée pour relier Paris à la côte normande.

50 ans plus tard, les trains, toujours avec lenteur, permettaient de gagner les lieux les plus modestes du territoire français, pour garder un exemple hexagonal, et le réseau des grandes lignes en avait sensiblement redessiné la géographie économique et Paris était au centre du dispositif.

C'est ainsi que pour avoir refusé le passage de la ligne Paris Bretagne par Alençon, les notables de l'Orne, ayant  eu peur que les trains fassent tourner le lait de leurs vaches, connurent le déclin de la ville et l'essor industriel de la cité voisine du Mans.




Dans le même temps, les automobiles pas encore très répandues, étaient de plus en plus le signe extérieur de richesse qu'il fallait absolument avoir et les avions faisaient des parcours plus longs et plus hauts dans le ciel. La traversée de l'Atlantique n'était pas encore au programme mais le rêve d'Icare ne semblait plus aussi saugrenu.

Les petits écoliers français confortaient leur maîtrise de la lecture dans le livre "Le tour de la France par deux enfants" publié pour la première fois en 1877 par un certain G. Bruno, en réalité l'épouse du philosophe Alfred Fouillée et constamment réédité pour le plus grand plaisir des adultes comme des enfants. Il parait même que c'est sa lecture qui donna à une institutrice suédoise, Selma Lagerlöf, l'idée d'écrire le "Merveilleux voyage de Nils Holgerson à travers la Suède".

Des pédagogues grecs à la bibliothèque rose, de l'Odyssée à Marco Polo,en passant par Jean-Jacques Rousseau ou Voltaire et la Comtesse de Ségur ou Victor Hugo, les récits de voyage ont, à travers leur puissance d'ouverture au rêve, souvent été utilisés pour faire passer des principes d'éducation, d'enseignement et d'exemplarité.

Pour l'apprentissage des garçons aussi le tour de France des compagnons était non plus de la littérature mais plusieurs années bien concrètes qui se terminaient par la réalisation du chef d'oeuvre.

Le rêve et ses supports, l'imagination, la lecture, l'écoute des raconteurs d'histoires, de la radio maintenant, les images et images animées, sont le plus répandu des moyens de voyager dans sa tête et un formidable moteur pour l'appétit d'apprendre et de découvrir.
Au delà de son petit chez soi, au delà de son petit village.

Aujourd'hui que les moyens de communication réduisent les distances pour nombre d'enfants, que reste-t-il comme espace au rêve et à cette envie vitale d'aller au delà du connu ? Que fait-on de l'imaginaire de ces petits touristes en culotte courte au temps si sur-empli d'activités ? Sans compter que l'excès de pédagogisme est peut-être en partie responsable de la désaffection pour la lecture et plus généralement pour l'envie d'étudier.


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