lundi 27 juin 2011

Défi n°58 : papotages

m'annette à la barre de la coquille des CROQUEURS DE MOTS, pour le défi n°58, nous invite à continuer des papotages de partout commençant par :

Assises sur le pas de la porte, Françoise demande à Marie :
- Alors, ce week-end à Paris ? Ça s'est bien passé ?

Cela faisait bien vingt fois qu'on lui posait ce genre de question depuis son retour au bahut, mais posée de cette manière et venant de la perfide Françoise, il ne pouvait y avoir que de la malice. En effet, Leur prof principal arrivait et elle avait parlé suffisamment haut pour s'en faire entendre.

Cela n'allait pas rendre facile l'explication de leur incroyable aller-retour jusqu'à la capitale !

Comme elle prenait le train pour rentrer le dimanche soir en compagnie d'un camarade habitant le même coin, les sous-entendus malicieux voire lourds avaient circulé dans toute la promo.

- Rebonjour, et bonjour Marie et ... Cela ne vous ressemble pas de faire l'école buissonnière ! Pourquoi n'étiez-vous pas arrivés pour la rentrée ? Tout va bien ?

Inutile de vous dire que les autres visages allaient du sourire à la franche hilarité, selon le degré de réserve ou de timidité.

Courageusement, c'est son camarade qui se tenait à côté de l'estrade pour donner l'explication.

- Vous allez avoir du mal à nous croire mais hier soir, la SNCF a renforcé les retours vers Paris et à la place de notre train habituel, nous n'avons pas fait attention qu'il s'agissait d'un train supplémentaire.

- Et ?

Jusque là, rien ne justifiait un retard d'une quinzaine d'heures.

- Quand nous avons vu notre station, le train a filé sans s'arrêter. Nous croyions qu'il allait s'arrêter à la gare suivante. Il s'y arrête toujours.

- Laissez-moi deviner : votre train est allé directement à Paris !

- Oui !

- Je vous crois, (yeux ronds de ce timide consciencieux). Et bien entendu, le dernier train pour la province était déjà parti !

- Evidemment !  Le train était bondé, nous n'étions pas les seuls à avoir été piégés par cet express transformé en rapide. Je ne sais pas comment le chef de train a transmis l'information mais un comité d'accueil nous attendait à la gare Montparnasse, avec un billet de retour, un panier repas, une lettre d'excuse de la direction de la SNCF envers ses usagers et ... une surprise.
Et puis on nous a dirigé vers un hôtel où nos chambres avaient été réservées.

Il était tard, il faudrait se lever tôt. Nous n'avions pas le temps ni l'envie de visiter Paris après ces émotions.

- Pas même une visite en haut de la tour la plus haute d'Europe* ?

Un grand sourire illumina le visage que les taches de rousseur rendaient encore enfantin.

- C'était cela la surprise ! Nous aurions écorné notre argent de poche de la semaine s'il l'avait fallu. Mais ceux d'entre nous qui le souhaitaient ont eu une invitation offerte par les Chemins de Fer. Hors horaires publics.
Et la nuit, de la-haut,dans le ciel étoilé, la vue sur Paris était magique ...

cliché de wikimedia commons, auteur, Benh lieu song : un clic sur l'image pour plus d'informations



* Je ne sais pas si la SNCF est allée jusqu'à offrir une visite du panorama de laTour Montparnasse. Elle avait été inauguré peu de temps auparavant et c'était l'attraction nouvelle. Cette anecdote est vraie.

Je souris à la lecture des premiers commentaires qui ont la gentillesse de me rajeunir de quelques années. J'étais dans le rôle de la prof et pour être tout à fait honnête, je ne suis pas sûre que la SNCF soit allée jusqu'à leur offrir la visite en haut de la tour. Mais l'entreprise nationalisée a pris en charge ces naufragés et leur retour. C'était la moindre des choses il est vrai. Je me demande ce qui se passerait maintenant.