jeudi 4 septembre 2014

Saison des semailles, le soir de Victor Hugo

La proposition de Enriqueta pour le défi n°129 des CROQUEURS DE MOTS m'incite à rééditer ce que j'avais proposé pour un autre défi un 30 septembre 2010. Quelles différences ? En ce 4 septembre, l'automne semble à notre porte après cet été bien timide.
Autre nuance notable, quatre ans ont passé. Je n'en garantirais plus la capacité à le réciter encore par cœur sans trous de mémoire ...

Il ne vous aura pas échappé que c'est l'automne, le moment de préparer les futures récoltes.
Je me doute bien, j'en suis même sûre, pour l'avoir déjà rencontré sur certaines de vos pages, que ce poème a déjà été mis en ligne pour le Jeudi en poésie des Croqueurs de mots.
Mais que voulez-vous, je ne m'en lasse pas. C'est le cinquième sur mon anthologie d'adolescente, et je le connais encore presque'entièrement par cœur.

Saison des semailles. Le soir.
C'est le moment crépusculaire.
J'admire, assis sous un portail,
Ce reste de jour dont s'éclaire
La dernière heure du travail.
Dans les terres de nuit baignées,
Je contemple, ému, les haillons
D'un vieillard qui jette à poignées
La moisson future aux sillons.
Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.
Il marche dans la plaine immense,
Va , vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main et recommence,
Et je médite, obscur témoin,
Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre où se mêle une rumeur
semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur.
Victor Hugo, 1802 - 1885,

Recueil les chansons des rues et des bois, 1866.