jeudi 21 août 2014

"Elle et lui", de George Sand en réponse à Musset

Le poème dont j'ai mis en ligne un extrait un jeudi récent dernier pour les jeudis en poésie de Croqueurs de mots (La nuit d'octobre) est centré sur les états d'âme d'Alfred de Musset pour surmonter son chagrin et surtout son dépit. Si les réflexions sur les sentiments peuvent être extrapolées de son histoire personnelle, et plus encore, de son point de vue très subjectif, je voulais ici rétablir l'équilibre.

Il n'affleure pas le moins du monde au poète qu'il puisse avoir des torts ; or, s'il est devenu l'amant d'une femme publiquement scandaleuse, et qui assumait cette réputation, du moins qui y faisait front la tête haute avec cran, la vérité historique impose de rappeler que c'est lui qui l'a trompée le premier, alors qu'elle était affaiblie par une maladie.
Et rien n'est dit des divergences qui n'ont pas manqué d'apparaître assez vite entre des idées d'enfant gâté et des idéaux sociaux et politiques bien en avance sur la future maturité du poète.

Tant mieux s'il a pu cheminer et faire évoluer sa réflexion, notamment dans Lorenzaccio. il reste cependant très en retrait des audaces de George Sand, qui rêvait au milieu de XIXe siècle d'une société sans classe et sans conflit.

archivé en brouillon le 20/01/2011 pour 08:00 pour compléter une mise en ligne de Musset que je n'avais jamais faite  et que j'ai réparé jeudi 3 juillet 2014 avec La nuit d'octobre, de Musset, en l'assortissant même d'un tanka à Musset de mon cru.       


Bon d'accord, du bavardage de Jeanne ici et George Sand était romancière, n'est-ce-pas ?
A l'occasion, elle savait aussi manier le vers et la rime ... clic ICI

George Sand par Alfred de Musset

Compléments du 12 août 2015 :
Elle et lui est un roman de George Sand, publié en 1859, deux ans après la mort de Musset en réponse aux Nuits de Musset. en voici quelques citations transparentes où Laurent, le héros "lui" ressemble fort à Musset tandis que George Sand se glisse dans le personnage de Thérèse "elle"
« Il s’était fait une vie de hauts et de bas perpétuels. Les brusques transitions de la rêverie à l’exaltation et de la nonchalance absolue aux excès bruyants étaient devenues un état normal dont il ne pouvait plus se passer. »
 « Elle ne pouvait plus croire au lendemain; et les attendrissements splendides qui les avaient tant de fois réconciliés n’étaient plus pour elle que les effrayants symptômes de la tempête et du naufrage. »
 « L’aspiration au sublime était même une maladie du temps et du milieu où se trouvait Thérèse. »
Il est peu question de leur oeuvre dans ce roman
Elle dit à lui :
 « C’est à l’artiste que je parle : l’homme n’est malheureux en vous que parce que l’artiste n’est pas content de lui-même. » 
tandis qu'il lui reproche d'être
« son fléau, l’assassin de son génie et de sa gloire »
Avec cette intelligence du cœur de George Sand 
« C’est que, quand leurs cœurs se taisaient, leurs intelligences se convenaient et s’entendaient encore. »
Bon d'accord, je suis partiale en suivant les pas de George Sand, sans même avoir besoin de faire preuve d'empathie. Alors je laisse avec l'auteur du lien où j'ai glané ces citations, le mot de conclusion à André Maurois qui évoque la réciprocité sans pour autant les renvoyer dos à dos dans Lélia ou la vie de George Sand :
 « On a cherché qui avait eu les torts. Mais la réponse est simple : torts et griefs étaient réciproques. […] Musset, avec la traditionnelle indulgence des hommes pour eux-mêmes, aurait voulu que la femme à laquelle il était infidèle lui demeurât fidèle. »