mercredi 9 juillet 2014

On l'appelait Lilie, Eulalie

Je m'étais dit que cette année, je n'allais pas céder à la tentation de rééditer des prénoms le mercredi
Mais comment résister à celle de fêter un heureux anniversaire à Pierre Perret qui a 80 ans aujourd'hui et qui habite là où ma maman est née.
Et puis, vous ne trouvez pas qu'avec sa bouille d'éternel enfant, avec ses boucles et ses fossettes, il ressemble aux poulbots de Francisque Poulbot ?

*****
Je sais, maîtresse Jill, c'est facile, mais c'est la vérité vraie,

elle avait des joues pleines et roses, des yeux coquins qui plaisaient aux garçons, une ou deux nattes sombres et drues et la peau blanche.

Elle était libre Lilie, et dans les années cinquante, les "gens bien" y trouvaient à redire.

"Les gens bien" avaient dit à mes parents "c'est pas une fille à fréquenter pour vos fils ..."

Mais Lilie n'y prêtait pas attention ... et quand nous sortions du cinéma, celui tenu par les dames du patronage, si la bande terminait l'après-midi au bistrot, c'était pour écouter Elvis Presley ou les Platters sur le juxe box flambant neuf et siroter une menthe à l'eau ou une grenadine entre deux parties de flipper et je ne craignais rien à les y accompagner. 

Rien de bien méchant. D'ailleurs l'auraient-ils pu, ces jeunots, quand les lieux plus retirés étaient discrètement surveillés et que les parents étaient immédiatement avertis si par aventure l'un d'eux s'y était trouvé !
Pour ce qui est de la discrétion, c'était aussi un secret de Polichinelle et tout le monde savait que Les directeurs et des surgé patrouillaient ...

Je vous parle d'une époque que les post-soixante'huit ne peuvent pas connaître.

Elle avait plein de frères et soeurs et elle s'appelait Eulalie.

C'était tombé sur elle, parce qu'il y avait toujours eu une Eulalie dans les générations antérieures.

C'était un prénom désuet à l'époque, qui n'allait pas avec sa joyeuse modernité.

Et c'est ainsi qu'on avait commencé à l'appeler Lilie.

J'avais le privilège de connaître son vrai prénom que, du haut de mes trois pommes, telle un Panurge sans imagination, je trouvais ridicule.
Pourtant maintenant je le trouve plutôt joli, Eulalie.

Pierre Perret, auteur-compositeur-interprète français, né le 9 juillet 1934

Jeune fille se coiffant, Mary Cassat, 1886
Huile sur toile, National Gallery of art, Washington
première édition pour le mercredi 14 décembre 2011, 9 heures


Pour les participations des écolier(e)s : Rassemblement à la cour
Avec un salut amical spécial à  Bigornette , 
Présidente d'honneur de La cour de récré de JB