jeudi 12 juin 2014

La cuisine, de Emile Verhaeren

Depuis les derniers réglages du moteur de la coquille par notre nouveau capitaine, voici le premier jeudi en poésie du défi n°125, sous le signe de la liberté par la nouvelle barreuse Eglantine.
thème libre et si l'on sèche, "les parfums divers et variés". Ca tombe bien : ma sélection valait pour l'ex-deuxième jeudi en poésie du défi n°124 sous le signe de la crémaillère avec dômi, la nouvelle animatrice des CROQUEURS DE MOTS. La semaine dernière se situait au moment de l'extinction du feu, avec la salamandre de Aloysius Bertrand.

Ce jeudi, si l'évocation de Verhaeren nous transporte dans les sensations visuelles, vous pouvez aussi humer ce qui mijote dans la marmite ...

La cuisine

Au fond, la crémaillère avait son croc pendu, 
Le foyer scintillait comme une rouge flaque, 
Et ses flammes, mordant incessamment la plaque, 
Y rongeaient un sujet obscène en fer fondu.

Le feu s'éjouissait sous le manteau tendu 
Sur lui, comme l'auvent par-dessus la baraque, 
Dont les bibelots clairs, de bois, d'étain, de laque, 
Crépitaient moins aux yeux que le brasier tordu.

Les rayons s'échappaient comme un jet d'émeraudes, 
Et, ci et là, partout, donnaient des chiquenaudes 
De clarté vive aux brocs de verre, aux plats d'émail,

A voir sur tout relief tomber une étincelle, 
On eût dit - tant le feu s'émiettait par parcelle -
Qu'on vannait du soleil à travers un vitrail.
Émile VERHAEREN

Émile VERHAEREN, 1855 - 1916, poète belge flamand d'expression française