jeudi 20 mars 2014

De soi-même, de Clément Marot

Vous comprendrez (peut-être) lundi prochain avec ma participation au défi n°119 des CROQUEURS DE MOTS sous la houlette de Martine depuis son Quai des rimes, ce choix. Il n'a absolument rien de nostalgique et c'est d'ailleurs pour cela que je mets en ligne le poème dans sa totalité, ce qui change assurément ce qu'on peut imaginer de l'état d'esprit du poète.
Ci-dessous, le texte en vieux français (enfin presque). Pour la version moderniséeCLIC


De soi-même
   
Plus ne suis ce que j’ay esté,
Et ne le saurois jamais estre ;
Mon beau printemps et mon esté
Ont faict le saut par la fenestre.
Amour, tu as esté mon maistre :
Je t’ay servy sur tous les dieux.
Ô si je povois deux fois naistre,
Comme je te servirois mieulx !

*

Réponse au précédent

Ne menez plus tel desconfort,
Jeunes ans sont petites pertes :
Votre aage est plus meur et plus fort
Que ces jeunesses mal expertes.
Boutons serrez, roses ouvertes,
Se passent trop légèrement ;
Mais du rosier les fueilles vertes
Durent beaucoup plus longuement.

*

Sur le même propos

Pourquoy voulez-vous tant durer,
Ou renaistre en fleurissant aage ?
Pour aymer et pour endurer !
Y trouvez-vous tant d’avantage ?
Certes, celuy n’est pas bien sage
Qui quiert deux fois estre frappé,
Et veult repasser un passage
Dont il est à peine eschappé.
Clément Marot


Clément Marot, 1496 - 1544, poète français