jeudi 31 octobre 2013

Flaques, deux "poèmes" sortis de mon ciboulot**

Pour le défi n°110 des CROQUEURS DE MOTS lancé depuis la vaillante Coquille dont le pilotage a été confié par notre amirale Tricôtine à la bienveillance de Cétotomatix, j'ai rechaussé les bottes de ma mémoire pour respirer en souvenir l'air vivifiant de "La reine de l'iode".

jeudi 24 octobre 2013

L'Océan, chanson, de Bertal, Maubon et Spencer

Chanson créée par Adolphe Bérard en 1905 ou 1906
Paroles de Bertal et Louis Maubon, Musique d'Émile Spencer

L'écouter ICI, sur le site Du temps des Cerises aux Feuilles mortes

L’Océan

1er couplet

Là bas sur l’océan
Dans le phare qui scintille
Le gardien vigilant
Demeure sans famille
Seul dans l’immensité
Quand le flot se soulève
Parfois comme dans un rêve
Il se prend à chanter

L’océan sous sa garde
Le soir fait miroiter
Sous la lune blafarde
Ses rayons argentés 
Dans cette apothéose
Porte vers l’horizon
Sa joyeuse chanson
De l’océan grandiose.

2ème couplet

Mais un soir le gardien
Quelque folie en tête
Au village voisin
Va revoir sa brunette
Près d’elle il s’attarda
Car elle était jolie
Mais le phare vigie
Ce soir n’éclaire pas

L’océan sans son garde
Parait désorienté
Les étoiles hagardes
Ont terni leur clarté
Prenez garde au naufrage
Pauvres petits bateaux
Balancés par les flots
Car l’océan fait rage

3ème couplet

Au village voisin
Des gens courent dans l’ombre
On sonne le tocsin
Pour un bateau qui sombre
Pour lui porter secours
Le gars dans l’eau s’élance
Mais les flots par vengeance
Le prennent pour toujours

L’océan n’a plus de garde
Car dans l’obscurité
C’est la folle camarde
Qui vient de l’emporter
Sorcière toujours avide
Elle entraîne au lointain
Celui qui fut gardien
De l’océan perfide
Chanson créée par Adolphe Bérard,
texte de Marcel Bertal et Louis Maubon,
musique de Emile Spencer, version de 1911

Adolphe Bérard, chanteur, 1870 - 1946

Marcel Bertal et Louis Maubon, paroliers (~1880 - 1957)

Emile Spencer, 1859 - 1921, auteur de nombreuses musiques de chansons du début du XXème siècle dont la plupart sont oubliées, mais quel Français ou Francophone ne connait pas (du moins ceux qui ont mon âge ou plus) Ah les petits pois ... créée par Dranem ?

Cette chanson m'est parvenue par le cahier noir de mon père, qui, à ses heures perdues, notait les paroles des chansons entendues et/ou apprises par coeur, pendant son service militaire en 1924 à Agadir.




1ère édition de ces paroles le jeudi 15 juillet 2010

mercredi 23 octobre 2013

Sauveur, avec un V

Pas facile à porter Sauveur !
L'imagine-ton antihéros, replié sur lui-même, craintif ou vitupérant en énergumène agité ?
Sauveur mais de quoi, de qui ?

lundi 21 octobre 2013

Défi n°109 : "Soirée au phare"

article programmé, blog en semi-pause
Pour le défi n°109 des CROQUEURS DE MOTS proposé par Fanfan

Il avait atteint sans peine le rocher. Contrairement à ses craintes, la mer était devenue d'huile dès le premier coup de rame.

jeudi 17 octobre 2013

Booz endormi, de Victor Hugo

en guise de premier jeudi en poésie pour Fanfan et son défi n°109 pour les CROQUEURS DE MOTS
et en prolongement des festivités d'hier à La cour de récré de JB


Booz endormi

Booz s'était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.

Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.

Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
- Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.

Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l’œil du vieillard on voit de la lumière.

Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;
Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très anciens.

Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait,
Etait mouillée encore et molle du déluge.

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.

Et Booz murmurait avec la voix de l'âme :
" Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.

" Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.

" Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ;

Mais vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
Comme un bœuf ayant soif penche son front vers l'eau. "

Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.

Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.

La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.

Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
Victor Hugo, La Légende des siècles,
I D'Eve à Jésus, (première série, éd. 1859)


Ruth et Booz, Frédéric Bazille, 1870

mercredi 16 octobre 2013

Ruth pour compagne ...

J'imagine certains jeux de mots...  Peut-être est-ce la raison de sa rareté en France ? Pour une fois que des parents penseraient à celle qui le porterait ...

jeudi 10 octobre 2013

A la fenêtre pendant la nuit ..., de Victor Hugo

Pour les jeudis en poésie des CROQUEURS DE MOTS, dans le cadre du défi n°108 proposé par M'amzelle Jeanne.
En cherchant vainement à resituer cet extrait dans l'oeuvre de Victor Hugo, j'ai eu la surprise agréable d'ouvrir cette fenêtre complice ICI (en noir les mots de Victor Hugo, en bleu les mots de celle qui tient cette page, Elyse

A la fenêtre, pendant la nuit1 I

Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ; 
Le flot huileux et lourd décompose ses moires 
Sur l'océan blêmi ; 
Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ; 
Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
Comme un homme endormi.

Tout s'en va. La nature est l'urne mal fermée. 
La tempête est écume et la flamme est fumée. 
Rien n'est, hors du moment, 
L'homme n'a rien qu'il prenne, et qu'il tienne, et qu'il garde. 
Il tombe heure par heure, et, ruine, il regarde 
Le monde, écroulement.

L'astre est-il le point fixe en ce mouvant problème ? 
Ce ciel que nous voyons fut-il toujours le même ? 
Le sera-t-il toujours?
L'homme a-t-il sur son front des clartés éternelles ? 
Et verra-t-il toujours les mêmes sentinelles 
Monter aux mêmes tours ? 
Victor Hugo2Les contemplations - aujourd'hui, Livre sixième, IX, I,
poème écrit en 1854, recueil publié en 1856

2. Victor Hugo, poète, dramaturge, écrivain français, 1802 - 1885
3. Les contemplations, article wikipedia

lune au dessus de la Galerie nationale de la tapisserie de Beauvais dont la façade est animée de projections lumineuses


mercredi 9 octobre 2013

lundi 7 octobre 2013

Défi n°108 : "A vos fenêtres"

Pour M'amzelle Jeanne qui a courageusement et avec une bien belle idée pris la barre des CROQUEURS DE MOTS pour mener à bon port le Défi n°108, et nous permettre de repartis avec un(e) autre croqueur(se) vers une autre escale, puis d'autres encore.

jeudi 3 octobre 2013

La chanson de Craonne, Anonyme, 1917

Quand les poilus regagnaient un monde sans fenêtres ...

Pour les jeudis en poésie des CROQUEURS DE MOTS, dans le cadre du Défi n°108 proposé par M'amzelle Jeanne (ce n'est pas moi), je profite de la fenêtre de tir ouverte par la parution d'un rapport officiel remis le 1er octobre 2013 dit "rapport sur les Fusillés pour l'exemple"4, 6 pour mettre en ligne le texte de la Chanson de Craonne, autrement connue sous les titres de La Chanson de Lorette ou Sur le plateau de Lorette5, ou encore Les Sacrifiés.

Chanson dont les auteurs nous sont inconnus et pour cause :
Vivement condamnée par les autorités militaires, elles offrirent une petite fortune à celui qui en dénoncerait l'auteur.

On doit à Paul Vaillant-Couturier3, avocat et journaliste puis homme politique, capitaine pendant la guerre de 1914-1918, d'en avoir recueilli les paroles telles qu'elles étaient devenues en 1917 après des transformations successives à partir d'une valse-romance de 1914.

Je l'ai redécouverte à l'occasion de mes muzardises sur les pas de Pia Colombo, grâce à une autre prodigieuse petite fenêtre qui ouvre grâce à Internet sur bien des ressources documentaires.
Car, oui, dans les années 1950, Pia colombo fut l'une des premières à inscrire cette chanson anti-militaristeà son répertoire alors qu'elle était tombée dans l'oubli. Malheureusement, je n'ai pas trouvé d'enregistrement avec la voix de Pia. Celle-ci (CLIC) est chantée par Marc Ogeret, un autre chanteur trop méconnu, et cela me convient tout à fait.


La chanson de Craonne1,2

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.

Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !

C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.

au Refrain

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

Refrain
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !
Anonyme(s), 1917, sur la musique de Bonsoir M'amour 
(Adelmar ou Charles Sablon, le père de  Jean Sablon)
Paroles recueillies par Paul Vaillant-couturier publiées en 1919.

Pour aller plus loin :
1. La chanson de Craonne (article wikipedia)
2. La chanson de Craonne (sur le site Découvrez Mussy)
3. Paul Vaillant-Couturier (article wikipedia)
5. C'est au plateau de Lorette que se trouve le Cimetière militaire Notre-Dame de Lorette
Pour le centenaire de la première Guerre mondiale, un mémorial internationalsera édifié sur le plateau, à proximité de la nécropole.

6. Pour vous éviter les tentations d'écouter les avis partisans sur cette douloureuse et sensible question de l'Histoire, je vous invite vivement à prendre connaissance du rapport lui-même, il est en ligne et téléchargeable au format pdf. (je croyais avoir relevé le lien du site où je l'avais trouvé. Je vais le chercher)

Mieux qu'un monument aux Morts, cette statue commémore les soldats de la guerre 1914 - 1918,
dans le village de Champfleur dans la Sarthe

Et comme en écho, Le texte que ma inspiré l'image de la fenêtre de Mil et Une la semaine dernière :
  
Bonus ajouté vendredi 4 octobre grâce à la chronique  ce matin à la fin du 7 - 9 de France Inter 
C'est sans doute un hasard, mais j'en suis particulièrement émue :
(à écouter jusqu'à la fin)