jeudi 6 décembre 2012

Le rendez-vous, de Sully Prudhomme

à ne pas confondre avec Un rendez-vous, du même auteur, que j'ai mis en ligne un extrait ICI et le poème en entier ICI 

Le Rendez-vous

Il est tard ; l’astronome aux veilles obstinées, 
Sur sa tour, dans le ciel où meurt le dernier bruit, 
Cherche des îles d’or, et, le front dans la nuit, 
Regarde à l’infini blanchir des matinées ; 

Les mondes fuient pareils à des graines vannées ; 
L’épais fourmillement des nébuleuses luit ; 
Mais, attentif à l’astre échevelé qu’il suit, 
Il le somme, et lui dit : « Reviens dans mille années. » 

Et l’astre reviendra. D’un pas ni d’un instant 
Il ne saurait frauder la science éternelle ; 
Des hommes passeront, l’humanité l’attend ; 

D’un œil changeant, mais sûr, elle fait sentinelle ; 
Et, fût-elle abolie au temps de son retour, 
Seule, la Vérité veillerait sur la tour. 

Sully Prudhomme, Les Épreuves, 1866

Sully Prudhomme, 1839 - 1907

Astral Projections, Rob Gonsalves