mercredi 31 mars 2010

Pernelle, la chevrette

~ Billet 392 ~
Chic, je reviens de chez Bigornette avec la nouvelle de prolongations de printemps pour le prénom du mercredi, à la Récréa-Bigornette.
Ce dernier mercredi de mars, c'est Mlle Pernelle qui est à l'honneur.

Je ne sais pas pour vous, mais ce prénom m'a fait immédiatement penser aux layettes de ma jeunesse. Il faut dire que du côté de mes frères et soeurs, tous plus âgés, les familles s'agrandissaient à tour de rôle et je m'appliquais à tricoter des chaussons et des brassières ...
Heureusement que je n'avais pas attendu les leçons de notre prof d'allemand, qui nous apprenait l'allemand correctement en dépit d'un manuel où des elfes, des fées et autres génies imaginaires étaient fort peu utiles pour la vie quotidiennes.
Quel rapport avec la layette, me direz-vous. Comme il était habituel dans les nouveaux collèges d'enseignement général (CEG) et plus encore dans les Cours Complémentaires dont ils étaient les mutants, chaque enseignant héritait d'une deuxième voire d'une troisième matière à enseigner, entre le dessin, la musique, la gymnastique, (on ne disait pas encore Education physique et sportive, EPS) et les travaux manuels ( arts ménagers et puériculture pour les filles, jardinage et menuiserie, plomberie, ferronnerie ... tout ce qui peut utile dans une maison, etc pour les garçons). 
Et pas question de faire l'impasse, ainsi associée à une matière d'importance !
Quand l'enseignant avait du goût, voire des connaissances, il prenait en charge l'une de ces matières subalternes, le plus souvent avec sérieux, mais là, notre brave germanophone avait hérité de la couture sans aptitude particulière et c'est la monitrice d'enseignement ménager qui la briffait avant nos leçons ...

Ce qui a donné la mise en oeuvre d'une brassière qui avait ... quatre manches.

nous étions toutes sorties noblement de cette délicieuse mésaventure, sans méchanceté de la part des filles, sans déshonneur de la part de cette dame qui avait joué la transparence et avait en outre décomplexé les pas douées en travaux manuels. Si, si, il y en avait.

C'est à la même époque qu'en musardant sur un chemin de Bretagne. En vacances ! Pas chauvine, la normande que j'étais ne dédaignait pas cette jolie région. Il faut dire que j'avais une cousine par alliance adorable. Cet été-là, j'appréciais moins la grande plage plein nord balayée par les vents que les petites promenades buccoliques.

Pernelle était là, sur le tallus pentu, surveillant anxieusement la longueur de son poil soyeux. C'est qu'elle avait envie de fournir cette belle et douce et chaude matière qui lui assurerait l'espoir de longues années à paître plutôt que de finir bientôt sur la table d'un banquet.



J'imagine pour Bigornette que la fermière l'avait baptisé Pernelle, voyant ce qu'elle pourrait tirer de son insolite toison en plus du lait dont elle faisait de savoureux fromages. Et sur ces chemins bien fréquentés, elle ne craignait pas d'aussi mauvaises rencontres que la petite chèvre de Monsieur Seguin. Quelle sotte aussi, cette effrontée qui préférait la liberté à la douceur et la gentillesse de son maître. Pour sûr, c'était bien agréable tous ces gosses qui la caressaient à leur passage voire la régalaient d'un quignon de pain dur.
Et promis, juré, la layette tirée de son angora serait toute moelleuse et les brassières auraient bien deux manches ....
Pour le jeudi en poésie, je vous emmènerai dans une description en prose mais oh combien poétique d'un savant qui alliait descritpion et style ... A demain jeudi !



La liste des prénoms chez Jill Bill (Jill Bill nous a déjà concocté une liste de prénoms pour l'automne)
Avec un salut amical spécial à  Bigornette , 
Présidente d'honneur de La cour de récré de JB