samedi 19 décembre 2009

Un air de diva (3) ...

Un air de diva début(2) ; (3) ; (4)

Mon approbation n'était pas acquise !
                              

Le deuxième argument de mon père lui semblait irréfutable. Comment pouvait-on, sous le prétexte d'être l'amie de Quelqu'un, faire fi par quelque caprice d'une décision professionnelle, calculée avec rigueur par des techniciens et user du bon vouloir du prince ! Comment osait-elle ? Comment osaient-ils ?

Mais je me souvenais qu'il n'encensait pas autant ce travail des "cols blancs" mon petit papa quand il discutait avec son fils, l'un des calculateurs.
 
- Les portées sont trop longues. Vous réduisez trop le nombre de poteaux. Ce sont des fausses économies.
- Mais si, les calculs ont été optimisés et il a été tenu compte des probabilités de rupture.
- Et le poids du givre vous y avez pensé ?
- Mais oui, on a réduit la distance de deux écarts-type. ...

Mon père n'avait pas fait de probabilités ni de physique. Mais il était capable à la seule observation des lignes dans les airs d'en déceler toutes les fragilités. Il se trompait rarement quand il prévoyait des pannes sur tel ou tel tronçon.

Il n'y avait pas si longtemps, le fameux hiver 1956, le poids du givre en avait rompu des lignes, en plein nuit. Il était parti souvent  sur les routes verglacées, dans le brouillard givrant, dérangé dans notre sommeil par la sonnerie insistante du téléphone de fonction. Quand un fermier à la pointe de la modernité voulait que le courant soit rétabli pour l'heure de la traite.
Oh, ce n'était pas le fermier moyen qui s'était équipé. Ce n'était que le tout début des trayeuses électriques.
Tiens, ceux-là aussi devaient avoir de l'influence pour jeter mon père et ses ouvriers d'astreinte sur des routes dangereuses et ma mère dans l'angoisse tant qu'il n'était pas rentré.

Le deuxième argument n'était pas plus efficace que le premier.      
à suivre --->