mercredi 15 avril 2009

Fenêtres sur la vie

~ Billet 93 ~ (ex catégorie poésie)

Comment ne pas rebondir sur mon billet 3 « Naître au monde » à la deuxième proposition de Bigornette pour ses parchemins d'avril.


Fenêtres sur la vie

La première fenêtre ouverte sur le monde
Me protégeait sans doute de l'ardeur du jour
En cette fin d'été bruissant des chants d'arondes
Réunies sur les fils, prêtes pour le retour
Vers des contrées plus douces anticipant l'hiver
Jusqu'au printemps suivant où le soleil trop cru
Les renverraient vers notre terre hospitalière.

Au bout d'un long voyage arrivant tant recrues
De fatigue et de vent, sous le hangar branlant,
Entre le mur de pierre et quelques poutres blondes,
Là-haut sous la charpente un doux nid les attend.

Au clocher tinte l'heure. Entends le chant du monde,
Nouveau né tout fripé tant pressé de paraître,
De tes jours d'innocence éloignant la vieillesse
De tes parents émus ouvrant grand la fenêtre
A l'avenir heureux d'éternelle jeunesse.

Reviendront-elles ces crâneuses messagères ?
Que sont donc devenues toutes ces espérances ?
Secondes par milliards au sablier du temps,
Vous avez fabriqué des passés trop amers,
Fait venir à mes yeux des larmes au non-sens.
Je ne sais plus pleurer de trop de souvenirs
Et, pour vivre debout, je choisis de sourire.

La vie est un voyage. C'est banal à dire,
Faite de petits riens et de grandes détresses.
Certains virages flous m'ont conduit vers le pire
Et si tant de chagrins par pudeur contenus
Vous font croire un instant que je ne sais qu'en rire
Ou que j'aurais trouvé un chemin de sagesse,
Si mon âme blessée, je n'ai rien oublié,
J'ouvrirai la fenêtre aux matins à venir.

Jeanne Fadosi, achevé le dimanche de pâques 12 avril 2009


Epitaphe à des chats : IV A Toby

~ Billet 97 ~ (ex catégorie poésie)
Pour
 les parchemins de Bigornette
Epitaphe à des chats : I Prologue ; II A Minouche ; III A Gribouille ; IV A Toby


A Toby,

Plusieurs années passées
Sans aucun animal,
Mais toujours je pensais
A ces p'tites bêtes à poil.

L'occasion d'accueillir
Un chaton émouvant.
J'avais vu du plaisir
Dans l'œil de mes enfants.

Tu fus vite adopté
Et pendant les vacances
La voisine t'apportait
Ton eau et ta pitance.

Tout s'était bien passé
Lors des premiers départs
Et tu nous retrouvais
Ronronnant avec art.

Notre chemin ensemble
Fut de courte durée.
Et aujourd'hui j'en tremble
Encor', colèr'rentrée !

Tu étais là gisant
Tremblant dans l'escalier,
Tes chairs décomposées,
Déjà agonisant !

Et la supplique muette
Dans leur regard embué :
« Maman, faut le soigner !
- Il va mourir, peut-être. »

J'aurais dû m'aviser
Que les superstitions
N'étaient pas oubliées :
Un chat noir, damnation !

La voisin' n'aimait pas
Au moins inconsciemment,
S'occuper de ce chat
Descendant de Satan.

Ell' semblait ennuyée
De ne pas avoir pu
Tout faire pour le soigner
Comme elle aurait voulu

Mais en vrai au bûcher,
En d'autres temps furieux,
Mon chat et moi, mon Dieu !
Aurions été brûlés.

Comme cette couleur
Ne pouvait que déplaire,
J'étais pour mon malheur
Qualifiée de sorcière !

Toby, je savais bien
Que dans ton agonie,
Je ne pouvais plus rien
Pour te garder en vie.

Et je vous ai laissés,
Enfants, le cœur en berne,
Partir vers votre été
Emportant votre peine.

Nous savions tous au fond
Que sa fin était proche.
J'ai enfoui bien profond
Mon chagrin dans ma poche.

Et si cette blessure,
Avant des jours maudits,
Semble une égratignure,
Dans mes yeux, c'est la pluie ...
Jeanne Fadosi, dimanche 12 avril  2009

Epitaphe aux chats : III A Gribouille

~ Billet 96 ~ (ex catégorie poésie)
pour les parchemins de Bigornette
Epitaphe à des chats : I Prologue ; II A Minouche ; III A Gribouille ; IV A Toby



A Gribouille,

Dernier chaton chétif
De nombreuses portées,
D'agacés coups de griffes
Tu étais rabrouée !

Privée d'une portée
La mettant en danger,
La chienne débonnaire
T'accueille en sa tanière.

Dans son panier d'osier
Tu venais la téter
Elle était toujours prête
A faire ta toilette.

Ce doux compagnonnage
Qui nous attendrissait
A continué à l'âge
De ta maturité.

Quand notre douce chienne
Est morte, que de peine,
On te crut disparue !
Gribouille, où étais-tu ?

Mais au fond du jardin
Sur son talus de terre,
Tout transi de chagrin,
Tu veillais sur ta « mère ».

Quand la mort et la vie
D'ici nous éloignèrent,
Tu es restée ainsi
Vers le moulin l'hiver

Revenant aux beaux jours,
Dès que tu pressentais
De maman le retour
En ses quartiers d'été.

Et quand ce fut ton tour
D'écouter la faucheuse,
Sur ton talus d'amour,
Tu rendis l'âme, silencieuse.
Jeanne Fadosi, dimanche 12 avril 2009

Epitaphe à des chats : II A Minouche

~ Billet 95 ~ (ex catégorie poésie)
pour les Parchemins de Bigornette

Epitaphe à des chats : I Prologue ; II A Minouche ; III A Gribouille ; IV A Toby




A Minouche,

A toi premier matou
Grosse boul' de tendresse
Qui blotti dans mon cou
Ronronnait aux caresses

Notre déménag'ment
Ne t'avait pas trop plu
Vers tes appartements
Tu étais revenu.

Quand ta disparition
Nous avait alertés,
Dans notre autre maison,
On t'avait retrouvé.

Pendant quelques années
Tu avais continué
A traquer les souris
Racontaient nos amis.

Et lorsque la vieillesse
Eut épuisé ta vie,
Cédant à la paresse
Tu bondis vers l'infini !
Jeanne Fadosi, dimanche 12 avril 2009 

illustration, détail du Journal Le Chat Noir, n°152 du 6 déc 1884,
 image du Domaine Public

Épitaphe pour des chats : I Prologue

~ Billet 94 ~
Bigornette nous propose en  premier sujet d'écriture une épitaphe pour un chat, en prenant exemple sur celle de Joachim Du Bellay.
                  Les chats, même ceux des autres, ils m'aiment bien,
                  et leur coopération est quelquefois un peu envahissante
 


Prologue

La très longue épitaphe de Joachim Du Bellay n'est pas poétiquement le poème de lui que je préfère. Mais le propos mérite qu'on s'y arrête. Il est sinon le premier, du moins l'un des premiers à oser rendre publique l'affection qu'il porte à cette bête encore trop souvent à l'époque considérée comme une créature du diable et persécutée comme telle.
Peut-être aussi au-delà, faut-il y voir, déguisé, un hymne à la femme et une dénonciation des  procès en sorcellerie et des persécutions menées par l'Inquisition contre les  femmes trop « libres ».

L'épitaphe de Joachim Du Bellay comprend plus de 200 vers.
Du coup, je me suis étalée comme de la confiture pour faire hommage à trois des chats qui ont traversés ma vie.

Vous les trouverez par ordre chronologique dans les trois billets suivants. J'ai gardé leurs vrais noms, choisis il y a bien longtemps.  Cette précaution d'usage pour souligner qu'il n'y a aucun rapprochement à faire avec des pseudos que vous rencontreriez par hasard sur la blogosphère.

Billet 95 A Minouche
Billet 96 A gribouille
Billet 97 A Toby

mercredi 1 avril 2009

Le rire est le propre de l'homme

~ Billet 80 ~et de la femme

Cette phrase est de Rabelais, et merci à Pierre Schwaller sur son site La Gruyère (lien périmé) qui m'a permis de retrouver l'extrait conforme ainsi que son précieux commentaire :

Amis lecteurs, qui ce livre lisez,
Despouillez vous de toute affection ;
Et, le lisant, ne vous scandalisez :
Il ne contient mal ne infection.
Vray est qu'icy peu de perfection
Vous apprendrez, si non en cas de rire ;
Aultre argument ne peut mon cueur elire,
Voyant le dueil qui vous mine et consomme :
Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que ris* est le propre de l'homme.

Voici ce qu'écrivait en 1534 Rabelais dans l'«Avis aux lecteurs» de son œuvre Gargantua. Si le rire est le propre de l'homme, il est vrai que les guerres, la globalisation, la pollution et son influence irrémédiable sur l'avenir physique de la planète lui sont malheureusement tout aussi propres. En somme, plus on est de fous, plus on rit. Et puisque l'homme est actuellement le seul mammifère à surfer sur la toile, qu'il en profite pour se distraire et rire à gorge déployée. Et puisqu'une minute de rire correspondrait à physiologiquement à 45 minutes de jogging, ne nous gênons pas.
*ris comprendre rire, même si Rabelais avait peut-être ( et encore) en arrière pensée un jeu de mots avec les ris de l'homme. Vu le projet de loi en préparation que afdj a eu l'audace de publier en avant première sur son blog, vous comprendrez que j'aie la prudence de ne pas donner plus d'explications !